Qui enverrai-je ? C’est d’abord la question que Dieu adresse au monde ! Des patriarches, des prophètes se sont levés, et ils ont répondu. Soit à la manière d’Isaïe en disant : « Me voici, envoie moi » ; ou bien à la manière de Jérémie, en se faisant un peu tirer l’oreille ! Mais voilà le monde ne les a pas reçus ! Qui enverrai-je ? C’est alors la question qui a fini par retentir au cœur de Dieu. Et le Fils s’est levé : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, alors j’ai dit, voici, je viens ». « Et le Verbe s’est fait chair » ! Jésus de Nazareth, voilà l’envoyé véritable qui apporte au monde l’amour du Père parce que « Le père et lui le Fils sont un ». Qui enverrai-je ? C’est aussi l’appel que vous avez entendu. Cet appel vous a tiré de mille lieux, de mille activités, il s’est dit avec des intonations infiniment variés, comme vous l’êtes. Mais comment allez-vous y répondre ? Je vous propose de vous rappeler toujours trois paroles que le Ressuscité a adressé à ses disciples. Elles sont je crois un bon guide pour répondre à l’appel du Père à la manière du Fils : « je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps », mais aussi : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie », et enfin : « Suis-moi », la dernière parole de Jésus à Pierre.

« Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps » : Nous comprenons donc que le prêtre n’est pas là pour parler ou pour agir à la place de Jésus, pour palier à une absence du Fils ! L’envoyé prête ses mains et ses pieds, sa bouche et ses oreilles, son intelligence et toute sa volonté pour que le Christ Vivant puisse aujourd’hui encore être reçu. Et être reçu comme il a choisi de le faire lorsqu’il a foulé notre terre : par des rencontres toutes humaines, tellement humaines qu’il n’y avait plus rien d’inhumain en elles. Oui, ayez le goût des paroles et des échanges qui ne cherchent pas à rivaliser en artifices, mais à s’accorder à la présence divinement humaine de Jésus. Alors le livre des actes des apôtres se poursuivra comme nous l’avons entendu dans la 1ère lecture : quand Paul et Silas enseignent, c’est la Parole du Seigneur que les païens entendent, c’est au Christ qu’ils donnent leur foi et c’est Lui qu’ils suivent.

« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » : par cette deuxième parole du Ressuscité, nous comprenons que le prêtre ne reçoit pas de Jésus des recettes. Il reçoit une identité nouvelle : celle d’être envoyé comme le Fils est envoyé, c’est-à-dire en transmettant l’amour, la vie et l’œuvre d’un autre ! Pareillement, par les sacrements, les prêtres transmettent l’amour, la vie et l’œuvre d’un autre, du Fils ! Tel est leur trésor, un trésor divin qui mystérieusement sait œuvrer avec les vases d’argiles qui le portent ! Oui, c’est bien l’amour infini du Dieu de tendresse et de pitié qui est « disponible » dans les sacrements. Et par eux, le ressuscité continue de dire comme nous l’avons entendu dans l’évangile : « je donne la vie éternelle [à mes brebis], jamais ils ne périront, et personne ne les arrachera de ma main ». Quelle promesse ! Comment pourrions-nous en être les serviteurs ?

Sans aucun doute en recevant enfin la dernière parole de Jésus à Pierre : « Suis-moi » : elle nous rappelle une vérité essentielle pour la joie et la fidélité du prêtre : Il est un disciple ! Bien sûr il conduit, il exhorte et il sanctifie, mais tout cela, il ne peut le faire avec fécondité qu’en étant lui-même conduit, exhorté et sanctifié par celui qui est le Chemin, la vérité et la vie ! Le bonheur du prêtre, et sa fierté, c’est son titre de baptisé, de « fidèle du Christ ». Il n’est point de titre au dessus de celui-là, parce que c’est le titre de la sainteté ! Le prêtre a pour unique ambition de rejoindre la foule immense dont parlait le livre de l’apocalypse. Et sa manière à lui de le rejoindre, ce sera de prendre soin de la blancheur du vêtement de ce Peuple, de sa sainteté ! Heureux êtes vous, vous qui vous préparez à servir les baptisés dans leur suite du Ressuscité, à la manière du bon pasteur qui connaît et aime chacune de ses brebis.

Poussés par ces trois paroles du Ressuscité, préparons nous chacun, en cette eucharistie, à dire notre Amen à Jésus. Oui, Seigneur, je crois en toi, tu es le Vivant à jamais, tu es la paix de Dieu pour le monde. Or le monde, c’est peu de le dire, à soif de cette paix. Ne l’en privons pas ! Et que la dernière parole de cette eucharistie, qui est aussi une parole du Ressuscité, porte son fruit dans toutes nos rencontres de la semaine : « allez dans la paix du Christ ».

 

Références bibliques : Ac 13, 14.43-52; Ps. 99; Ap 7, 9.14b-17; Jn 10, 27-30

Référence des chants :

 

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