Frères et sœurs dans le Christ, chers amis, visiteurs de passage et téléspectateurs, la première parole que nous adresse Jésus est : « Soyez sans crainte ». « Soyez sans crainte » veut dire que Jésus est bien conscient de nos peurs. « Soyez sans crainte » implique que nous avons des peurs. La peur est de tous les temps. Mais quelle réponse donne l’évangile à ce mal existentiel, inévitable sans doute pour tout être humain et dans toute société ?

La réponse de Jésus pourrait paraître hors de la réalité : « Votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ». Mais avons-nous besoin d’un ailleurs (le Royaume), avons-nous besoin d’une Promesse pour donner un sens et une direction au temps présent ? Pour que le moment actuel ne soit pas notre dernier instant ? En faisant ainsi, Jésus relativise radicalement tout ce que notre monde peut offrir. En disant « monde », je ne parle pas d’un monde mauvais, mais aussi de ce que notre monde peut offrir de merveilleux, d’exaltant. Oui, ce qu’il y a de plus beau, de plus nécessaire, devrait nous renvoyer à autre chose, à quelque chose d’invisible pour les yeux du corps, à « un trésor inépuisable ».

Ce type de discours pourrait effectivement être dangereux. Il peut démobiliser ceux qui travaillent pour une meilleure condition humaine. Il peut nous aliéner, nous rendre étrangers à la réalité qui est celle d’aujourd’hui.

Aussi Jésus continue-t-il en utilisant une image apparemment contraire. « Restez en tenue de service » – « gardez vos lampes allumées » – « tenez-vous prêts ». Donc, non pas une attente paresseuse, non pas des rêveries sans lendemain. Il faut prendre – maintenant et à l’instant même – l’attitude du travailleur, du serviteur. Nous sommes impliqués dans de multiples engagements. Pensons déjà aux relations humaines, que ce soit dans la vie du couple ou d’une communauté, que ce soit au travail ou dans l’amitié. Rien n’est étranger à la venue de ce que Jésus appelle « le Royaume ». Rien ne devrait échapper à la Seigneurie de Dieu. Oui, Dieu veut être reconnu pour ce qu’il est : l’Amour en personne, la Vie. L’évangile n’en parle pas en ces termes abstraits, comme je viens de le faire. D’autant plus que le Royaume n’est pas une théorie, une vision des choses. Il est quelqu’un. Jésus parle de Dieu comme un père qui est infiniment proche : « votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ». Jésus dit encore : « le Maître prendra la tenue du service et les servira chacun à son tour » : un maître donc qui s’incline devant ses serviteurs. Dieu est ainsi un père qui donne, plus qu’il n’ordonne. Il est un maître qui sert, plus qu’il ne commande.

Comment donner un contenu à tout cela ? En réponse, Jésus se donne… lui-même : « Le Fils de l’homme viendra ». Le « Fils de l’homme », c’est Jésus. Il est lui-même la promesse. Il entretient notre foi, parce que lui, le ressuscité, est déjà là. Il nous fait marcher comme Abraham, comme tant de pères et de mères dans la foi qui nous ont précédés ou qui sont aujourd’hui nos exemples. Mais pour déceler la présence de Dieu dans notre monde, il nous faut aiguiser notre regard intérieur. Ce regard de foi est d’autant plus nécessaire pour percevoir dans la personne blessée le visage de Jésus, qui s’identifie au dernier, au petit, ou laissé pour compte, à l’étranger. Ce regard ne nous est pas naturel. Mais l’évangile nous le donne dans la mesure où nous nous laissons former par la Parole.

En cette eucharistie, Jésus ne vient pas seulement comme Parole. Il vient aussi comme notre pain quotidien, qui est en même temps le pain du ciel. En le recevant, nous dirons « amen », « oui, je veux devenir comme toi, Seigneur : serviteur de mes frères et sœurs ».
Jésus, toi notre frère, guide-nous par ta parole. Montre-nous le chemin. Libère-nous de nos peurs. Reste avec nous.

Références bibliques : Sg 18, 6-9 ; Ps 32 ; He 11, 1-2.8-19 ; Lc 12, 32-48

Référence des chants :

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