Frères et Sœurs,

 

Amis en Christ,

 

AMEN !

 

Un petit mot qui n’a l’air de rien … et qui contient tout.
Un petit mot qui a traversé toutes les réformes de la liturgie, parce qu’aucune traduction ne peut épuiser la richesse de son message. AMEN ponctue toutes nos prières. Il est devenu familier de nos célébrations, au risque d’être banalisé et de perdre l’impact révolutionnaire qu’il devrait avoir sur nos comportements.

 

Or, justement dans la parabole des deux fils que nous venons d’entendre, Jésus veut nous conduire jusqu’au bout de l’AMEN chrétien, de la cohérence entre le «dire » et le «faire ».
Le second fils est un chrétien par réflexe et par conformisme. Il respecte scrupuleusement tous les commandements de Dieu et de l’Église.

 

Du bout de ses lèvres, c’est un professionnel du « oui » à Dieu, mais son cœur n’y est pas.

 

Quand il entend l’Évangile, il manifeste un garde-à-vous instinctif et superficiel.

 

Ce fils s’arrange en douce, se ménage sa petite vie dans la tanière de ses péchés mignons. Quand la foi bouscule ses vieilles habitudes, entame son confort, exige l’engagement, quand l’appel imprévisible de Dieu bouscule ses rites et prescriptions trop bien programmées, alors il invente mille excuses. Moyennant quoi, les grandes déclarations du début glissent dans le vide comme l’eau sur les plumes du canard.Tout autre est l’attitude du premier enfant. Il mesure sa faiblesse et devine combien l’obéissance au Père va déranger son petit train-train quotidien. Devant le scandale de l’Évangile, il est pris de vertige et recule paniqué. Mais son cœur réfléchit. Il voudrait bien, mais c’est trop dur… il n’y arrivera pas.

 

Et voici le miracle de la conversion. Au terme d’une lutte intérieure, il se met à pratiquer réellement ce que tant d’autres affirment verbalement. Sans fanfaronner un discours religieux convenu, il s’attèle à l’exigence évangélique en commençant par de petits engagements concrets.
Progressivement ce fils se laisse toucher par la gratuité de l’amour du Père tout comme les prostituées, les exclus, les irréguliers de la société du temps de Jésus.

 

Beaucoup d’entre eux ont été remués et se sont laissé séduire par le jeune prophète.

 

Ils découvrent avec grande joie que les portes du Royaume leur sont aussi ouvertes. Ils sont fils et filles à part entière et aimés de Dieu, d’autant plus fort même, qu’ils sont rejetés et maudits par les grands, les puissants et les purs…

 

Mais, frères et sœurs, cette histoire de ces deux fils n’est-elle pas la mienne aujourd’hui ?

 

Ne suis-je pas les deux à la fois ? Je dis tant de « oui » au Seigneur. Je chante tant d’AMEN avec la légèreté de l’inconscience. Pourtant, je ne suis jamais totalement confirmé dans le « oui » à Dieu. Il n’y a pas de concession à perpétuité dans le Royaume de Dieu, ni de place réservée.

 

Beaucoup travaillent dans la vigne du Père, alors même qu’ils semblent avoir répondu « non ».

 

Que d’hommes et de femmes sans pratiquer une religion, sans clamer les grands mots d’amour et de charité vivent avec une générosité qui transfigure la vie. Aujourd’hui encore, on les rencontre, là où on ne s’y attend pas.
J’en suis le témoin privilégié tous les jours dans mon hôpital, quand des membres du personnel acceptent de se former au langage des signes pour être plus proches des sourds et des malentendants, quand des soignants essuient des larmes sur un corps fatigué, usé et lassé, quand ces hommes et ces femmes en blouse blanche prennent du temps pour sourire à celui qui, sur son lit, se sent abandonné de Dieu et des hommes, quand la délicatesse et la douceur de la femme de ménage tend la main au malade qui n’en peut plus…

 

Oui Dieu fait signe de tout côté…

 

Frères et Sœurs, le monde en a plus qu’assez des belles paroles et des intentions pieuses.

 

Les plus pauvres en particulier, les marginaux de tout acabit attendent de nous des actes et des gestes forts. Les chrétiens sauront-ils enfin se comporter en enfants de l’AMEN ?

 

Aujourd’hui, combien d’AMEN, allons-nous dire ou chanter dans cette liturgie dominicale ? Combien allons-nous en mettre en pratique durant la semaine qui commence ?

 

Avec l’aide de Dieu,

 

AMEN.

Références bibliques : Mt 21, 28-32

Référence des chants :

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