Avez-vous pratiqué l’évangélisation de rue ? Non ? C’est quelque chose de très particulier. En tout cas, pour moi, tel que j’ai pu le vivre. Vous êtes là, au milieu de la rue. Vous abordez les passants. Vous leur dites, en substance : « Jésus vous aime ! » Si c’est en hiver, ils reviennent du marché. Si c’est en été, ils reviennent de la plage. Et, dans les deux cas, soyez-en sûrs, ils n’ont pas du tout envie qu’un parfait zozo leur barre le chemin en leur parlant de Jésus.
En vérité, personne n’a envie qu’un parfait zozo vienne l’importuner en parlant de Jésus. Jésus n’est pas un sujet facile. Il est trop naïf pour certains, trop incroyable pour d’autres, ridicule pour beaucoup. Et, de fait, l’évangélisation de rue expose peut-être surtout au ridicule.
Et pas seulement l’évangélisation de rue. Essayez donc d’évangéliser une classe de lycéens, ou de faire de la réclame pour l’aumônerie étudiante dans les couloirs de la faculté, ou même de parler de votre foi à un copain qui n’est pas chrétien ! Rouge comme une tomate, vous balbutiez quelques fragments de conviction tout en vous demandant quelle mouche vous a piqué d’amener la conversation sur ce sujet… Eh bien ! La mouche, c’est Jésus lui-même. C’est l’Esprit de Jésus dans votre cœur.

Heureusement, l’évangélisation, l’effort de parler de notre foi à des inconnus ou à des proches a aussi de beaux résultats. Certains écoutent. Certains sont touchés. Certains sont bouleversés. Je me souviens, si peu doué que je fusse, d’avoir parlé de Jésus avec un skinhead dans les rues de Lille à deux heures du matin. Vingt ans, néo-païen autoproclamé, crête d’Iroquois. Au bout de deux heures, il m’a demandé comment on faisait pour prier. Il ne se moquait plus de moi. Il était désarmé.

Annoncer Jésus, c’est risquer la rebuffade, l’indifférence, le ridicule et parfois bien pire, mais c’est aussi, si l’on s’accroche, si l’on fait confiance, si l’on garde sa bonne humeur, connaître la joie d’un sourire, d’une garde qui se baisse, d’un cœur qui s’ouvre. Quelquefois bien après que nous aurons parlé, et alors nous n’en saurons rien.
Et ce qui touche les cœurs n’est pas d’abord l’ingéniosité de notre parole, de nos mots. D’abord, nous ne sommes pas tous doués pour parler. Ensuite, les mots ne sont que des mots. Leur puissance est limitée, surtout dans notre société bavarde.

Ce qui touche les cœurs, c’est notre sourire. Notre indifférence au qu’en-dira-t-on. Notre persévérance un peu naïve. Notre gentillesse obstinée. C’est un geste amical, un simple signe, une croix portée au cou, un livre de prière oublié sur une table. Ce qui touche les cœurs, c’est notre espérance et notre conviction indéracinable qu’au-dessus de tout, au-dessus des idées et des lois, au-dessus des désirs et des colères, au-dessus de la mort même, il y a l’amour.
« Annoncez », nous dit le Christ. Soyez toujours joyeux, nous disent les Actes des Apôtres. « Suis-moi », dit Jésus à Pierre. « Sois le berger de mes brebis ». En famille ou dans la rue, avec nos amis, en classe, au travail, sur la plage, partout. Notre monde n’a pas très envie d’entendre parler de Jésus, vous le savez aussi bien que moi, vous les paroissiens de Sarcelles et vous qui participez à cette messe par la télévision.
Le monde n’a pas très envie d’entendre parler de Jésus, mais le monde a soif de sourire, soif de bonne humeur, soif d’amour. De notre sourire, de notre bonne humeur, de notre amour, c’est-à-dire l’amour que Jésus a mis dans notre cœur. Allez-y ! N’écoutez pas votre peur ! Allez-y, soyez joyeux comme les Apôtres ! Et le feu que Jésus a mis dans votre cœur embrasera le monde !

Références bibliques : Ac 5, 27b-32.40b-41 ; Ps. 29 ; Ap 5, 11-14 ; Jn 21, 1-19

Référence des chants : Liste des chants de la messe à Sarcelles

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