« Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme », dit l’apôtre saint Paul. C’est cela que nous fêtons aujourd’hui. Marie est Mère de Dieu. En disant cela, nous reconnaissons que Jésus est vraiment Dieu. Pas un homme devenu Dieu, mais un Dieu qui s’est fait homme. Et nous découvrons ainsi que nous ne sommes pas des êtres trop humains qui essaient de se faire aimer par un Dieu trop abstrait et trop éloigné, mais que nous sommes une humanité que Dieu aime et qu’il veut sortir de la misère, de la violence et du péché.

Or parce qu’elle est notre sœur, de la même humanité que nous, Marie nous permet de ne pas nous désoler ni nous résigner : non seulement Dieu vient en notre humanité pour que notre vie retrouve sa beauté, mais notre humanité se révèle capable de se laisser transformer par Dieu. Car Marie représente notre humanité, et si nous pensions que notre monde était irrémédiablement tombé trop bas, nous croyons à présent que rien n’est trop bas pour Dieu. Rien n’est trop chaotique que Dieu ne puisse relever.

Marie nous permet de ne pas nous résigner puisque Dieu a pris corps en elle, mais allons plus loin : regardons sa façon de faire. Comme si elle nous disait : comment abordez-vous ce qui vous bouscule, autour de vous et en vous ? Comment parlez-vous des beautés, de l’adversité et des espoirs de ce monde ?

Comment accueillons-nous tout cela ?

L’Evangile dit que « Marie retenait tous ces événements et les méditait en son cœur ». Elle se fait attentive à ce qui se passe, à ce qui la déstabilise comme à ce qui l’étonne. Et elle en cherche le sens. C’est sans doute pour cela que nos crèches la représentent souvent ainsi : réceptive, en retrait, à genoux.

Marie a soif de sens…

Il y a les actes de bravoure et les belles initiatives. Mais les violences et les conflits, en tant de coins du monde ? Les dégâts que fait la crise économique qui s’est installée ? La précarité sociale, la solitude de ceux qui sont délaissés, le sens de l’homme que l’on perd en ne respectant plus sa vie ? Que disons-nous de tout cela ? Est-ce que cela ruine notre conscience, et est-ce que cela altère notre confiance faute d’avoir pris du recul ? Faute de m’en être remis à Dieu pour écouter ce qu’il attend que je sois et que je fasse en ce monde-là ? Si à l’Annonciation Marie a reçu la mission de donner naissance au Fils de Dieu, elle continue, ensuite, d’essayer de comprendre ce que cela implique : comment trouver la juste attitude, comment répondre de façon nouvelle et pertinente à tout ce qui se présentera ? « Elle retenait tous ces événements et les méditait en son cœur ». C’est une attitude contemplative : tout sauf matérialiste ou cynique. C’est une attitude essentielle à la fin d’une année 2016 qui fut rude. C’est une attitude essentielle quand commence une nouvelle année.

Marie n’interprète pas à la va-vite ce qu’elle voit. Elle ne reste pas non plus indifférente à ce qui se passe. Elle ne cherche pas des responsables à ce qui va mal pour se rassurer ou pour exorciser sa peur de vivre. Marie réunit en son cœur tout ce qu’elle peut : ce qui la révoltera, ce qui la fera souffrir et ce qui l’émerveillera. Et à partir de tout cela, elle veut faire grandir la paix en elle pour offrir au monde la paix que Dieu lui aura donnée. Or justement aujourd’hui,  nous prolongeons une demande que le pape Paul VI fit en 1967 : que le premier janvier soit « le jour de la paix dans le monde ». Cela commence en nous-mêmes.

Il y a quelques semaines, au Caire, un terroriste semait la mort dans une église copte. Un ami qui est allé prier sur les lieux m’a appris que cela s’est produit juste après le geste de paix. J’ai encore une fois compris que la paix demande combat et espérance sans relâche.

Ne pas baisser les bras pour être artisan de paix !

Ne pas renoncer à une méditation à la fois lucide et bienveillante face aux événements. Rester chercheurs de sens, rester chercheurs de Dieu… Amen

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