« Réveille en toi le don de Dieu ! », dit Paul à son jeune disciple Timothée. Mais c’est chacun de nous que Paul interpelle : secoue-toi ! Tu as reçu l’Evangile, qu’en fais-tu ? Frères et sœurs, sommes-nous encore capables d’étonnement et de stupéfaction face à la Parole de Dieu ? Est-ce qu’elle habite nos vies ? Est-ce que nous croyons vraiment que l’Evangile peut transformer le monde et les cœurs ? Ou bien dimanche après dimanche, cette Parole ronronne-t-elle paisiblement à nos oreilles comme une douce berceuse, sympa certes, mais complètement insipide et stérile, et sans effet dans notre vie quotidienne ? Jésus aujourd’hui nous rappelle la folie de l’Evangile et il n’y va pas par quatre chemins ! Si tu avais la foi, tu dirais au grand arbre : « Va te planter dans la mer ! » Et il t’obéirait.

Un arbre qui se déracine et va se planter dans la mer ! Ils devaient un peu sourire les auditeurs de Jésus ! Et nous aussi peut-être, nous haussons les épaules devant quelque chose d’aussi farfelu ! Mais nous avons tort ; car l’arbre qui se déracine et va se planter dans la mer, cela s’est déjà vu ! Cet arbre, n’est-ce pas François d’Assise qui rencontre un lépreux ? Il descend de son cheval et il embrasse la main malade qui se tend pour lui demander l’aumône. Cet arbre, n’est-ce pas François d’Assise qui s’approche du loup de Gubbio, qui terrorise les campagnes et il lui parle, et voilà que la paix s’instaure entre l’animal et les habitants des villages ! Cet arbre, n’est-ce pas François qui quitte sa douce Italie chrétienne pour des contrées qui font peur, parce qu’on y pratique une religion qu’on ne connaît pas et il y rencontre le Sultan d’Egypte.

L’arbre, sœurs et frères, c’est chacun de nous, quand on ose sortir de soi, quand on accepte de s’affranchir de ses préjugés et de ses peurs, quand on veut bien se déraciner de son petit monde à soi pour entrer dans le vaste océan du monde des autres, quand on veut bien faire un pas vers l’autre, vers celui qui n’est pas moi, qui ne pense pas comme moi, qui ne prie pas comme moi, qui n’aime pas comme moi.

Déracine-toi et va te planter dans la mer, c’est une autre façon de dire : « Ose la rencontre de ton frère ! ». Et il faut la foi pour cela.

C’est quoi, la foi ? La foi, c’est la confiance, tout simplement. Cette confiance que se promettent deux personnes qui s’aiment, cette confiance du malade en son médecin, cette relation profonde d’un homme, d’une femme, avec son Dieu. « Augmente en nous la foi », disent les apôtres ; cela veut dire : augmente notre confiance en Dieu, dans les autres, en nous-mêmes.
Combien, souvent en effet, sommes-nous enracinés dans la méfiance vis-à-vis des autres, empêtrés dans des relations de violence, de dispute, de discorde comme les décrit le prophète Habacuc. Seigneur, tu ne ferais rien devant tout cela, qui me détruit et m’angoisse et me défigure ?
La réponse de Dieu, pour nous chrétiens, c’est Jésus crucifié.
Au matin de Pâques, le grand arbre de la croix s’arrache à l’emprise de la mort pour aller se planter dans les eaux de la vie. Père, dit Jésus, que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ! Sœurs et frères, c’est par la force vivifiante de l’arbre de la croix du Christ que nous sommes arrachés à jamais des terres stériles de l’amertume, de la rancœur et de la peur, pour devenir des êtres libres.

Aller se planter dans la mer, c’est finalement cela, c’est être libre. Suffisamment libre pour se faire proche de tous ; libre pour s’émerveiller de tout. C’est être libre pour servir, c’est être libre pour aimer. Et il est libre, surtout, celui qui se sait aimé de Dieu. Amen.

Références bibliques : Ha 1, 2-3; 2, 2-4; Ps. 94; 2 Tm 1, 6-8.13-14; Lc 17, 5-10

Référence des chants : 160122aa – Adolescentes et futures baptisées

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