Frères et soeurs,

  

Trois éléments retiennent mon attention dans les lectures de ce dimanche.

 

Le premier, qui constitue le fil rouge des Ecritures de ce dimanche de Pâques, de résurrection, est l’appel à vivre la conversion. Cette conversion, dit Jésus, “sera proclamée en Son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem”. C’est ainsi que Pierre lance cet appel dans les Actes : “Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés”.

La conversion est un grand mot qui risque de ne plus rien nous dire aujourd’hui s’il est limité à une idée pieuse, à un but inaccessible ou à une théorie à laquelle l’oreille chrétienne est habituée. En fait, la conversion consiste en une attitude de vie assez simple, illustrée par le propos de Saint Jean : “Mes petits enfants, je vous écris cela pour que vous évitiez le péché”. En somme, c’est une attention pressante qui nous pousse à éviter de “nous abîmer”. C’est aussi une décision de nous tourner résolument vers ce qui construit en profondeur et rend heureux, “bien-heureux”, avec la grâce de Dieu.

 

La conversion est un changement pour le meilleur. Je le dis régulièrement aux jeunes qui sont amoureux. S’ils aiment vraiment quelqu’un, ils sont capables de changer, et parfois beaucoup de choses dans leur vie. Ce changement, s’il est réel, devient visible à l’extérieur; ils ne savent pas le cacher. Ils sont changés. Pour changer, il faut aimer.

  

Alors comment aimer et où incarner une conversion de coeur, d’esprit, de manière de voir la vie? C’est le second élément qui retient mon attention aujourd’hui. Jésus insiste pour que les apôtres, qui “croient voir un esprit”, réalisent Sa présence réelle et concrète: “Voyez mes mains et mes pieds: c’est bien moi! Touchez-moi, regardez: un esprit n’a pas de chair ni d’os et vous constatez que j’en ai”.

 

La religion chrétienne est la seule religion monothéiste où Dieu prend un corps humain. Découvrir la dignité de chaque personne, c’est discerner dans tout être humain, la présence de quelque chose d’unique, de sacré, de divin. Ce n’est donc pas en théorie ou seulement spirituellement que nous vivrons une conversion mais dans la vie quotidienne, corporelle, incarnée, réelle. C’est dans notre manière d’être et de nous comporter concrètement, c’est par tous nos gestes et nos paroles de tous les jours, que la conversion pour le pardon sera effective ou non, sera proclamée et vécue ou pas.

 

Toutefois, nombreux sont celles et ceux qui pourraient se dire qu’il n’y a aujourd’hui plus aucun bonheur à trouver, dont la vie semble n’avoir été qu’une succession de malheurs, de désillusions, de trahisons, de souffrances, d’échecs, d’humiliations, qui n’ont même plus la force d’espérer pouvoir vivre autre chose ou qui attendent confusément la fin. D’autres vivent une solitude où il n’y aurait rien à donner ni personne à aimer, puisque personne n’attendrait rien d’eux. D’autres encore traversent l’épreuve de la maladie ou sont durement éprouvés par le deuil. Autant de raisons de ne pas entrevoir un bonheur à sa portée, une conversion, un changement personnel possible à vivre.

 

Et c’est là le troisième élément qui retient mon attention aujourd’hui. Dans l’évangile de ce jour, Jésus vient s’adresser à ceux qui avaient mis toute leur confiance en Lui et qui sont déçus, “bouleversés”, déboussolés, perdus, dans le deuil et la souffrance, dans l’inquiétude du lendemain, car c’était bien cela le sort des disciples au lendemain de Sa mort. Ils avaient même à craindre pour leur vie. Ils ont l’air d’avoir tout raté. L’avenir était bouché et la souffrance, seule, au rendez-vous.

 

A ceux-là, qui n’ont visiblement plus rien à donner à qui que ce soit, Jésus vient, Il demande et confie TOUT: A vous d’être témoins de la résurrection, de l’impossible, de l’incroyable, qui change et convertit tout! A vous, dit Jésus!

 

Et c’est par là que je voudrais terminer mon homélie, en m’adressant à tous, mais plus particulièrement à celles et ceux qui se sentent inutiles, qui sont cloués sur un lit d’hôpital ou en maison de retraite, à celles et ceux qui sont isolés et qui ont l’impression de n’avoir personne à aimer et de n’être aimés de personne, d’être oubliés ou d’avoir tout raté; c’est pour vous que cet évangile est proclamé, c’est à vous, en priorité, que le Christ se manifeste et vous rappelle votre utilité, plus encore votre dignité et votre responsabilité. Le monde a besoin de votre proclamation de “quelque chose” de la résurrection. Parce qu’elle change tout pour les croyants: elle montre à quel point le mal n’a pas le dernier mot, avec le Christ. Au contraire, même la souffrance, jointe à celle du crucifié trouve son achèvement en Sa résurrection et pousse le monde à la conversion, à un changement de perspective, à voir les choses autrement.

 

La vie, à la longue, peut nous retirer bien des choses et des libertés, mais nous gardons souvent jusqu’au bout notre liberté de pouvoir penser, aimer et prier. Nous savons que nous aimons quelqu’un si nous prions pour lui ou pour elle, c’est à notre portée. Il est encore et toujours temps d’aimer, de prier, de vivre et de proclamer par notre vie, quelle qu’elle soit, la présence du Ressuscité qui compte sur notre capacité à devenir meilleur jour après jour, et par là, à rendre le monde meilleur, à le changer, le convertir.

 

Il y a toujours quelque chose à vivre. Le monde entier a besoin de vous qui êtes capables du meilleur. A vous!

Références bibliques : Ac 3, 13-15.17-19 ; Ps. 4 ;1 Jn 2, 1-5a ; Lc 24, 35-48

Référence des chants : Chants du 19 avril

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