La Thérapie du sourire

Frères et sœurs,  Amis malades, Chers soignants,

Un grand secret fait battre le cœur de l’Eglise. Il a été caché aux sages et aux savants, mais il vous a été confié à vous, chers amis malades ici présents et à vous qui nous regardez devant votre écran de télévision. Aucun de vous ne le possède à lui tout seul, mais tous ensemble, en ce dimanche de la santé, vous devriez le proclamer à la face du monde. Au cœur de votre épreuve, qui s’appelle “maladie” sous toutes ses formes et qui souvent engendre solitude, incompréhension, angoisse, vous avez reçu une révélation : dans votre épreuve Dieu façonne votre cœur.

En tant qu’aumônier d’hôpital, c’est auprès de vous, que j’ai recueilli les témoignages les plus merveilleux de confiance, de joie et d’espérance. Certains d’entre vous, alors qu’ils sont crucifiés sur leur lit d’hôpital, réduits à contempler le plafond de leur chambre, d’autres délaissés dans leur vieillesse, après avoir tout offert, ont su me dire qu’ils avaient la certitude profonde que Dieu les aimait d’un amour unique.

Comment peut-on dire cela, alors même que la maladie déshumanise et qu’elle est souvent éprouvée comme un rejet, un châtiment : « qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour mériter cela ? ». Sans doute le dépouillement, auquel vous réduit la maladie, la dépendance d’autrui, vous ont en même temps dépouillés du superflu. Alors l’essentiel apparaît avec d’autant plus de force et de simplicité.

Dans tout l’Evangile, Jésus se montre proche du cœur brisé. Aujourd’hui encore, il se tient tout près de vous à travers le sacrement des malades, que certains d’entre vous recevront aujourd’hui, dans cette église et d’autres, chers amis téléspectateurs, si vous le demandez dans vos paroisses. Dans ce sacrement, il se tient tout près de vous  pour soulager votre peine, vous consoler et porter avec vous le fardeau de votre croix.

C’est parce que Jésus a traversé la souffrance, l’angoisse et la mort qu’il connait le cœur de l’homme. Il sait que personne ne lui ressemble autant, que celui qui souffre innocemment. Votre visage, votre cœur est celui du Christ, c’est cela le secret d’amour de Dieu pour vous, secret que vous seuls avez le droit de proclamer à vos frères malades, comme à vos frères bien portants.

Nous voudrions si souvent vous rappeler le message de l’Evangile et nous ne savons plus voir que c’est vous qui nous adressez un message plein de tendresse, d’espérance paisible et de confiance merveilleuse.

Tous les dimanches, nous lisons un texte d’Evangile, beau, fort, exigeant, qui parle à notre cœur. Mais j’ai la grâce de voir, tous les jours dans mon hôpital, l’Evangile prendre chair dans la vie des malades, comme dans la vie des soignants et dans la mienne. Grâce à cette merveilleuse alchimie, l’Evangile n’est vraiment pas lettre morte,  mais il prend visage de malade, de soignant, de bénévole, de personne âgée, visage d’un parent, d’un enfant… Il ressemble à chacun de nous et en priorité aux préférés du Christ, les plus faibles, les plus pauvres, les plus vulnérables.

Chers amis malades, c’est pour cela que l’Eglise vous confie une grande mission. C’est le ministère de la prière et du témoignage silencieux. Ne priez pas seulement pour vous-mêmes. Priez pour les grandes causes de l’Eglise et du monde. Ne vous renfermez pas sur vous-mêmes, ouvrez votre cœur à ceux qui souffrent de la faim, de la violence, de la guerre, de l’injustice sociale. Portez dans votre prière ceux qui désespèrent ou se révoltent. Pensez aux prisonniers, à ceux qui ne savent plus pardonner, à ceux qui n’ont plus de larmes.

Et surtout, comme nous y invite notre pape François, face à tant de tristesse, enseignez-nous votre « thérapie du sourire » dont vous avez le secret.

Amen.

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