Monsieur le Consul, chers frères et sœurs de Terre Sainte et de France, comment peut-on passer, à une journée d’intervalle, de la joie de Noël, avec la naissance de Jésus, à Bethlehem, à la lapidation d’Etienne à Jérusalem ? Et, dans quelques jours, à la mort des saints innocents ? N’auriez-vous pas voulu passer quelque temps avec les parents de Jésus et vous extasier sur l’enfant, sans attendre la fête de l’Epiphanie pour le faire ? La liturgie et les textes bibliques que nous venons d’entendre, joueraient-ils à nous faire peur ?

Bien sûr, nous le savons tous, toute vie terrestre a une fin, y compris dans le cas de Jésus. Sans doute n’est-il pas inutile de nous redire que la croix se trouve d’emblée à l’horizon de la naissance de Jésus ; sans doute fallait-il rappeler que, les disciples n’étant pas au-dessus du maître, l’épreuve et la mort les toucheront à leur tour, comme ils ont touché Etienne. Mais, frères et sœurs, je crois quand même que la dimension douloureuse de la liturgie, ou de nos textes, est transfigurée par une grande espérance.

Ecoutez ce que nous dit Etienne, rempli de l’Esprit-Saint : « Je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Etienne témoigne qu’il existe un autre monde, dans lequel vivent Jésus et tous ceux qui l’auront suivi sur son chemin de croix ; mais il témoigne aussi que le ciel, qui s’est ouvert pour la naissance du Sauveur ou pour son baptême, s’ouvre désormais sur terre pour tout homme qui se tourne vers Dieu. Notre terre, les événements, nos vies, les gens que nous croisons, sont donc tous et toujours vibrants d’une mystérieuse présence divine.

La révélation de cette présence n’est pas un privilège offert à Etienne au moment de son martyre, mais un don offert dans la foi à tous ceux que Dieu appelle à lui. De Moïse même, l’épître aux Hébreux ne dit-elle pas que, par la foi, il voyait l’invisible ? La foi ne nous situe pas dans un autre monde, mais nous permet de voir et goûter un monde renouvelé : un monde irrigué par l’Esprit de Dieu et de son fils Jésus, un monde doté d’une profondeur, d’une largeur et d’une hauteur que des yeux d’homme, malgré tous les progrès de la science, ne verront jamais s’ils ne sont ceux de la foi.

Frères et sœurs, dans le pays d’où je vous parle comme dans bien d’autres pays du monde aussi, dans toutes sortes de conflits familiaux, économiques ou politiques, la paix n’a pas encore trouvé sa place. Pourtant, Jésus est venu dans notre monde pour nous la donner. A-t-elle donc subitement disparu ? Ne serait-ce pas plutôt que nous ne savons pas la voir et moins encore l’accueillir ? Il nous faut donc les yeux d’Etienne : des yeux qui permettent de voir la vie au-delà de la mort, pour une vision qui dépasse les apparences du monde et des événements. Cette vision large, Etienne la doit à l’Esprit qui l’avait envahi. Invoquons donc sur nous et sur ce monde l’Esprit de notre Père, cet Esprit qui « sonde tout jusqu’aux profondeurs de Dieu », cet Esprit qui permet non seulement de parler, mais encore de voir l’invisible et les cieux ouverts.

Références bibliques : Si 3, 2-6.12-14 ; Ps. 127 ; Col 3, 12-21 ; Mt 2, 13-15.19-23

Référence des chants :

 

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