Frères et Sœurs,
Certains trouveront peut-être indécent de commencer par vous souhaiter une très bonne, sainte et heureuse année 2009 alors qu’il n’est partout question que de crise et de morosité… et jusqu’à l’angoissante question de savoir si le futur aura un avenir, si demain pourra s’inscrire en lettres d’espérance.
Mais c’est justement parce que l’horizon semble bouché qu’il est important de s’échanger des vœux de bonheur. Non pas à la façon d’une « méthode Coué » qui ne se nourrit que d’illusion, mais avec la foi et la lucidité de celles et ceux qui savent que la nuit n’a jamais le dernier mot.
C’est dans cet esprit que je voudrais, ce matin, vous (nous) inviter à revivre l’expérience des mages dont il est question en cette fête de l’Épiphanie. C’est l’histoire de ces savants venus d’Orient guidés seulement par une étoile et renseignés par le roi Hérode subitement pris de panique à l’annonce de cette nouvelle de la naissance du Messie.
Où sont-elles ces étoiles qui, dans notre nuit, sont capables de nous mettre en route et de nous guider dans la vie ? Mais, avez-vous remarqué ? L’étoile ne les guide pas jusqu’à la crèche de Bethleem mais jusqu’au palais du roi Hérode. Un peu pour nous dire que la rencontre de Dieu ne peut pas faire l’économie de nos réalités humaines, fussent-elles ambigües.
Ne fuyons pas notre humanité ! Elle est le lieu privilégié où s’enracinent nos choix humains et spirituels les plus essentiels. Mais ce qui fait d’Hérode un obstacle, ce n’est évidemment pas qu’il soit un roi ou un gouvernant, mais que son action politique est traversée (n’est traversée que) par une jalousie et une soif de pouvoir démesurées. Dieu n’existe plus parce que l’idole a pris sa place. Et c’est toujours un mauvais choix !
Vient alors l’équipe des théologiens d’Hérode. Ils ont la bonne réponse (« c’est à Bethleem, en Judée, que vous devez vous rendre ») mais il semble y avoir, chez eux, un hiatus ou un abîme entre leur savoir et leur foi.
On peut évidemment savoir sans croire mais cette attitude est-elle tenable dans une cohérence qui va jusqu’au bout de la démarche ? Scientisme et fidéisme n’ont, finalement, jamais rendu compte de l’Évangile.
Quand nos sciences (même théologiques) se font (heureusement) performantes, ne tombons pas dans le piège d’inverser la fin et les moyens : la science n’est jamais au service d’autre chose que d’elle-même. Ce ne sont évidemment pas les débats qui manquent aujourd’hui dans notre société… et, au seuil de 2009, nous voici avec cette question toute éclairée de l’Évangile : qu’est-ce que l’homme ? Peut-être avons-nous à redécouvrir que la réponse suppose une autre question devenue une autre lumière : qui est Dieu ? C’est la question des mages. C’est aussi notre question.
Et voici les mages repartis vers la crèche. Les artifices du pouvoir cèdent la place à la pauvreté de la crèche de Bethleem ; là où ces savants d’Orient viennent offrir l’or, l’encens et la myrrhe. Une offrande qui se fait adoration ! Quand les savants deviennent aussi des priants, c’est l’aube d’un monde nouveau, d’une humanité enfin réconciliée parce que réunifiée au service de la dignité de l’homme.
En cette fête de l’Épiphanie, l’Évangile des mages nous rappelle que nous sommes tous les invités de la crèche… quelle que soient notre origine, notre situation de vie et même nos convictions. Dieu n’est jamais du côté de l’exclusion mais toujours du côté de la communion ! Et ceci n’a rien à voir avec une banalisation des convictions de chacun mais c’est la réaffirmation qui traverse toute la Bible : « Dieu est plus grand que notre cœur ! » De la crèche à la croix… et c’est déjà la Résurrection !
Mais on ne sort jamais indemne de la rencontre de Dieu : ce n’est pas pour rien que les mages sont repartis par « un autre chemin ». C’est le chemin de la conversion ou, pour le dire autrement, du décapage du cœur. Il y a un moment où, le retour vers Hérode, deviendrait compromission… et c’est ce que les mages ont compris et veulent éviter.
Quels seront les décapages de 2009 qui nous ajusteront de plus en plus au projet de Dieu reconnu comme « bonheur pour l’homme » ?
Nous voici donc au seuil de cette nouvelle année. Pour terminer, je voudrais vous proposer une parabole… la parabole des essuie-glaces.
Nous savons tous que le fait de conduire une voiture n’empêche pas la pluie de tomber mais cela n’empêche normalement pas non plus la voiture de rouler… à condition d’avoir des essuie-glaces en état de marche !
Je vous souhaite pour cette année de bons essuie-glaces capables de traverser les jours et les semaines de 2009 en voyant clairement la route. Ces essuie-glaces portent les noms de bonté, pardon, justice… pour qu’à l’intérieur de l’habitacle, c’est-à-dite de votre cœur, il y ait toujours surabondance de joie et de paix.
Alors, n’oubliez pas… ! Au-delà des nuages, il y aura toujours l’étoile des mages qui ne cesse de briller et d’éclairer.
Je vous souhaite de bons essuie-glaces, c’est-à-dire une très heureuse et sainte année 2009 !

Références bibliques : Is 60, 1-6;Ps. 71; Ep 3, 2-3a.5-6; Mt 2, 1-12

Référence des chants :

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