La Parole de Dieu ne revient pas à lui sans avoir porté son fruit, « sans avoir accompli sa mission ». Cette promesse du prophète Isaïe nous remplit d’espérance au moment où nous entrons dans ces Journées Mondiales de la Jeunesse en cette belle terre d’Australie.

Dans la page de l’Évangile selon saint Matthieu que nous venons d’entendre, Jésus lui-même confirme cette promesse. Mais la parabole du « semeur qui est sorti pour semer » nous aide à mieux la comprendre et, surtout, à comprendre comment nous sommes appelés à recevoir cette parole, sa Parole.

Tout d’abord, nous sommes invités à découvrir la générosité de Dieu. Il répand sa Parole sur toutes sortes de terres sans préjuger de l’accueil qui lui sera fait. Pendant cette semaine des Journées Mondiales, vous allez entendre beaucoup de messages en tout genre. Vous entendrez non seulement la Parole de Dieu, les catéchèses qui vont la commenter, le message du Saint-Père qui va s’adresser particulièrement aux jeunes rassemblés, mais aussi vous aurez à entendre la parole qu’exprime l’événement lui-même d’une Église rassemblée dans la foi, l’espérance et la joie.

Comme dans la parabole, le semeur (qui est le Christ) va sortir pour semer et il va semer en abondance sans préjuger de la qualité de la terre sur laquelle sa Parole va tomber. Et Dieu sait si cette qualité peut être inégale, en tout cas si nous pouvons être inégalement disposés à entendre ce qu’il veut nous dire et peut-être encore plus inégalement disposés à répondre à ce qu’il nous dit et à mettre cette Parole en pratique.

C’est sans doute le deuxième enseignement de la parabole du semeur. Non seulement la Parole de Dieu est répandue à profusion, sans compter ; non seulement, elle accomplit ce qu’elle dit, mais en plus elle respecte la liberté de ceux qui l’entendent. Nous n’avons pas à douter qu’elle donnera son fruit. Mais nous ne pouvons pas nous appuyer sur cette certitude pour nous désintéresser de nos dispositions à l’accueillir, comme si fonctionnait une sorte de fatalité de l’efficacité de la Parole de Dieu contre laquelle nous ne pourrions rien. C’est ici qu’intervient la qualité de la terre qui reçoit la semence.

Quelles sont les dispositions de nos cœurs devant le don que Dieu nous fait avec tant de profusion ? On pourrait être tenté de faire à cette question une réponse moralisante en mettant en regard les conditions pratiques nécessaires à un bon accueil de la Parole de Dieu. Trois traits de la parole du Christ nous invitent à éviter cette approche qui peut être simpliste. Ils nous montrent que les obstacles sont des empêchements qui viennent entraver notre liberté.

Premièrement, on peut recevoir la Parole sans la comprendre, non par manque d’intelligence, mais parce que la Parole tombe comme sur les bords du chemin où elle est aussitôt mangée par les oiseaux du ciel. Comment pouvons-nous comprendre cette difficulté ? Ce sont comme des gens qui entendent les sons et les mots du discours, mais sans identifier ce que dit le discours : il n’y a que les sons, mais il n’y a pas de sens. Ainsi, chaque dimanche, vous pouvez entendre les lectures de la Bible à la messe sans mesurer le sens de ce qui est lu : ce sont des sons sans signification. De même, au cours des JMJ, vous pourrez entendre des masses de mots sans qu’ils signifient ce qu’ils veulent dire. Quelques instants après, il n’en reste rien.

Deuxième empêchement : on accueille la Parole avec joie mais sans la laisser s’enraciner. On peut être enthousiasmé par telle scène de l’Évangile, telle parole du Christ, telle rencontre avec le Pape. On peut être enthousiasmé par les JMJ. Mais est-on prêt à faire le travail d’enracinement qui va faire pénétrer cet épisode de l’Évangile, cette parole du Christ, cette rencontre avec le Pape, ces JMJ, jusqu’à la profondeur de notre mémoire et de notre cœur, là où se prennent vraiment les décisions de notre vie ? Si nous ne le faisons pas, nous restons des « hommes d’un moment », des gens de la fête et de l’enthousiasme. À la première décision difficile à prendre, à la première objection, tout ça partira comme un fétu de paille dans le vent et nous tomberons.

Troisième empêchement : les soucis du monde et les séductions de la richesse. On reçoit bien la parole, on essaie de l’accueillir en profondeur, de lui laisser prendre racine, mais voilà que nous sommes très vite repris par nos préoccupations habituelles. Vous êtes ici, loin des ces soucis habituels, loin de votre confort, loin des choses qui vous occupent tant. Ce n’est pas par masochisme. C’est parce que notre liberté a besoin d’être dégagée de tout ce qui nous mobilise et finalement nous entrave. Oui, ici la Parole est belle, elle est forte, elle est séduisante. Mais demain, il nous faudra préserver cette liberté dont nous jouissons ici. Il faudra ne pas se laisser reprendre par tout ce qui occupe habituellement la première place dans nos activités et nos projets et qui finit par étouffer en nous la présence de cette Parole et l’empêche de porter du fruit.

Chacune et chacun d’entre nous peut prendre quelques instants pendant ces JMJ pour faire l’inventaire de ce que sont pour lui « les soucis du monde et les séductions de la richesse ». Voulez-vous être vraiment libres ou acceptez vous de vous laisser étouffer par ce que notre société marchande vous fait désirer et ce dont elle vous fait dépendre ?

« Heureux vos yeux parce qu’ils voient et vos oreilles parce qu’elles entendent ! » Heureux êtes-vous si aujourd’hui vous êtes touchés au cœur par la Parole semée sans compter par le semeur ! Heureux serez-vous si vous la laissez prendre racine et si vous apprenez à garder votre liberté pour que cette Parole porte du fruit !

Références bibliques : Is 55, 10-11 ; Ps 64 ; Rm8, 18-23 ; Mt 13, 1-23

Référence des chants :

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