La renommée précède le Christ dans tout ce qu’il a accompli d’extraordinaire à Capharnaüm. Il rentre chez lui, à Nazareth, et, là, se produit le blocage ! Aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays ! C’en est même devenu un proverbe ! Tant de personnes, des saints, des fondateurs d’ordres, saint François lui-même, et à l’heure actuelle, tant peuvent être des victimes, au travail, dans leur mission d’une persécution directe ou sournoise voire être rejetés par leurs plus proches ! Si c’est arrivé au Christ, l’ami du Christ peut ne pas en être épargné.

Cette force, cette sagesse… d’où cela lui vient-il ? De ses qualités, si belles soient-elles ? Et moi qui suis-je pour être envoyé vers ce peuple rebelle ?

Avec le psaume 117, le Christ répond : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire ; c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. »

Saint Paul sait, lorsqu’il parle au nom de Dieu, c’est bien cela être prophète, qu’il risque de se surestimer, de se prendre pour bien meilleur qu’il ne l’est en réalité. L’écharde dans sa chair est là pour lui rappeler qu’un serviteur de Dieu ne peut rien faire de lui-même, mais qu’il reçoit tout de Celui qui l’envoie. « Ma grâce te suffit » ! Mets donc toute ta confiance dans l’amour du Christ pour être son témoin. Mets-toi à l’écoute profonde de la Parole de Dieu, tiens-toi debout et sois envoyé à ciel ouvert, au milieu d’un peuple rebelle à la cause de Dieu. Tu subis faiblesses, insultes, persécutions et des situations angoissantes ? Je t’envoie quand même pour épouser la cause de Dieu Lui-même !

Pensons à toutes ces personnes qui ont réalisé ces ex-voto accrochés dans la chapelle de la Garoupe en représentant les situations angoissantes qu’elles ont vécues. En faisant ainsi, elles ont déposé leurs épreuves, les ont fait sortir d’elles-mêmes ; elles ont tout confié à Dieu, vainqueur de tout. Pour que Dieu prenne soin d’elles.

Quand Dieu envoie Abraham : « va vers le pays que je t’indiquerai », il lui dit littéralement : « va vers toi ». Deviens qui tu es, surtout dans les situations les plus angoissantes, pour être mon prophète. Deviens la belle personne que tu es, même avec ces loups et celui qui cohabite en toi.

Et si ce loup occupe trop de place jusqu’à t’empêcher d’être toi-même, ne le refoule pas ou il reviendra au galop. Prends le temps de l’identifier. Apprivoise-le pour qu’un jour tu l’appelles ‘frère’. Tu lui diras : Frère Loup, couché ! Je t’en prie, n’occupe pas en moi toute la place ; je te donnerai juste ce qu’il te faut pour te nourrir, mais laisse la présence d’amour du Christ faire en moi toute sa demeure. Laisse l’Esprit du Christ animer ma vie pour « me faire tenir debout ». Me faire tenir debout… Avec mes frères détenus, j’aime leur dire que se mettre régulièrement debout pendant la messe signifie cette liberté que le Christ donne à ses amis qu’il envoie au milieu des loups. Ma liberté de conscience est bien plus grande que les barreaux de mes prisons intérieures bâties précisément par ces loups intérieurs ou extérieurs. Cette liberté va même s’agrandir à l’écoute de la Parole de Dieu pour que je devienne son prophète au milieu des siens. Même s’ils ne l’écoutent pas. Car nous croyons qu’au milieu des angoisses, de la violence, des épreuves et des persécutions de ceux qui refusent les envoyés de Dieu, les ténèbres ne peuvent arrêter la lumière du Christ.

D’où cela lui vient-il ? Eh bien, de l’amitié avec notre Père des cieux et de l’amitié avec tous. Quand sainte Claire bénissait ses sœurs, elle leur disait : « soyez toujours les amis de Dieu, les amis de vous-mêmes et les amis de tous vos proches ». Pour être un homme, une femme, debout et libre au service des autres. A ciel ouvert !

Qui es-tu, Seigneur, et moi qui suis-je pour être ton envoyé ? Même méprisé ou esclave de mes propres loups, « j’ai les yeux levés vers toi », Seigneur. Tu es la pierre angulaire de ma vie. A partir de ce qui est modeste dans ma vie pour que je ne m’enorgueillisse pas, je mets en toi, Seigneur, toute ma confiance. Qu’en moi, ton amour donne toute sa mesure. Pour servir les autres.

Je conclue avec saint François devant le crucifix de saint Damien : « Seigneur, viens éclairer les ténèbres de mon cœur : donne-moi une foi droite, une espérance solide et une parfaite charité ».

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