Tout cet été, frères et sœurs, le Jour du Seigneur a pérégriné sur les chemins de Saint-Jacques. Nos pas nous ont entraînés à Conques, au Puy, à Roncevaux… Et donc aujourd’hui, à Figeac, cité de Champollion, chef-lieu d’arrondissement du département du Lot, et passage d’un des chemins de Saint-Jacques. L’occasion est donc belle de vous parler de pèlerinage et de pèlerins.

Et ici, je vous vois penser (poliment, dans votre tête) : « Bon, très bien pour les pèlerins qui sont avec nous, mais nous, paroissiens de Figeac ? Nous ne sommes nullement des pèlerins ! Nous étions là dimanche dernier, nous serons là la semaine prochaine ! »

Et vous, frères et sœurs qui participez à la messe par la télévision, je crois deviner que vous pensez : « Encore le pèlerinage ! Mais je ne suis pas pèlerin, moi ! » Et beaucoup d’entre vous d’ajouter : « Même si je voulais, je ne pourrais pas ! »

En fait, si.

Nous sommes tous des pèlerins. Notre pèlerinage a commencé le jour de notre naissance et il se terminera le jour de notre mort. Et le pèlerinage de Compostelle, de Rome ou de Jérusalem n’est que l’image du grand pèlerinage qu’est notre vie de chrétien.

Nous avons tous quitté notre maison, et les êtres que nous aimions, pour nous mettre en route. C’est exactement ce que dit l’Évangile. Nous avons tous quitté notre père et notre mère. Que nous l’ayons fait volontairement, le jour où nous avons pris notre indépendance d’adultes, ou que le hasard s’en soit chargé à notre place. Nous avons tous tracé notre chemin, parfois avec d’autres, parfois seuls.

La brume de l’Aubrac est l’image de nos incertitudes. Les terribles montées des gorges du Quercy sont l’image des efforts que nous avons accomplis pour connaître et pour aimer. La lumière dorée de l’aube sur les vignes de l’Armagnac est l’image de l’espoir qui nous a fait aller de l’avant. La pluie battante dans les vallées des Pyrénées est l’image des épreuves que nous avons affrontées, le dos rond et le visage fermé.

Étape après étape, année après année, nous avons continué notre marche. Quelquefois, nous avions l’impression de ne pas avancer du tout ; quelquefois, d’avoir passé un col décisif, et de découvrir un tout nouveau paysage, que ce paysage nous plaise ou non. Même immobiles en apparence, même vivant dans la ville où nous sommes nés, mêmes retenus dans une maison — retenus dans une chambre —, nous avançons par les rencontres que nous faisons, et les difficultés qui nous attendent, et que nous franchissons.

Et ce qui fait que ce voyage de la vie est un pèlerinage, c’est qu’au bout, Dieu nous attend. Ce n’est pas le voyage l’important. Toute vie humaine est un voyage. C’est son sens, c’est son but.

Tous les pèlerins le disent : le cœur du pèlerinage, ce qu’il a de plus fort, n’est pas de se mettre en marche au petit matin, bien que les pieds soient douloureux et les genoux rouillés. Le plus fort est de garder les yeux fixés au-delà de la route, au-delà des montagnes, vers ce Compostelle ou cette Jérusalem lointains, vers ce que nous cherchons et désirons. Le chrétien est pèlerin si, à chaque étape de sa vie, il continue de désirer Dieu et de marcher vers lui. Même à tout petits pas.

C’est à cela que le Christ nous appelle. À faire du voyage de notre vie un pèlerinage. À prendre notre croix, notre sac à dos, notre corps, notre cœur, les événements de notre vie, et à le suivre sur le chemin qu’il nous a tracé. Que ce chemin ne dépasse pas les faubourgs de Figeac ou qu’il nous entraîne au bout du monde, peu importe. À la fin, il nous ouvrira à chacun les portes de son Compostelle, la porte de la maison du Père, la porte du Royaume.


Références bibliques : Sg 9, 13-18 ; Ps 89 ; Phm 9-10, 12-17 ; Lc 14, 25-33

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