Par Julia Itel
Pape qui a mené à termes le concile Vatican II, Paul VI est parfois éclipsé au profit de son successeur, Jean Paul II. Pourtant, il est le pape qui a modernisé l’Église et qui a senti la nécessité de promouvoir une Église universelle.
Qui est Paul VI ?
Enfance
Giovanni Battista Montini naît en septembre 1897 à Concesio, près de Brescia dans le nord de l’Italie. Il grandit dans une famille catholique issue de la grande bourgeoisie de Brescia. Son père, directeur du journal catholique Il cittadino di Brescia, est notamment parlementaire et initie son fils à la vie de la cité.
Scolarisé chez les jésuites, il réussit brillamment ses études malgré une santé fragile qui l’oblige fréquemment à poursuivre l’école à la maison. Pendant ces moments de retrait forcé, il fréquente une communauté bénédictine installée à côté de chez lui, à Chiari. C'est là que serait née sa vocation religieuse.
Vocation religieuse
En 1916, il entre au séminaire. Étant toujours de constitution fragile, il obtient une dérogation pour se former de chez lui. Il en profite, pendant la Première Guerre mondiale, pour s’engager dans plusieurs projets, comme l’envoi de livres aux soldats mobilisés.
Il est ordonné prêtre quatre ans plus tard puis est envoyé à Rome par l’évêque Gaggia pour compléter sa formation sacerdotale. Là, il étudie aux universités de la Grégorienne et de la Sapienza.
Repéré par un ami de son père, il entre à l’Académie des nobles ecclésiastiques, qui a pour but de former les membres du clergé au service diplomatique du Vatican. Rapidement, il entame une carrière ecclésiastique brillante et entre, à l’âge de 27 ans, à la Curie. Il gravit rapidement les échelons et poursuit, en parallèle, son engagement politique et social. Il milite ainsi contre le fascisme (il ne cache pas ses réserves quant à la signature des accords du Latran) et s’engage auprès de la jeunesse.
Un adversaire potentiel
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il devient responsable du Bureau d’informations chargé d’assurer la liaison entre les prisonniers de guerre et leur famille. Il condamne également le nazisme. C'est après ces années de guerre que Montini se rapproche du pape Pie XII, qu’il assiste dans ses affaires ordinaires.
Pie XII, qui aurait vu en Montini un successeur potentiel menaçant, l’éloigne de Rome et le nomme archevêque de Milan en 1954. Milan est alors le diocèse le plus important d’Italie et Montini s’investit pleinement dans la vie politique et sociale de sa nouvelle circonscription : il reconfigure les paroisses, fait construire de nouvelles églises, y fait entrer l’art et la culture…
Élection de Jean XXIII
En octobre 1959 meurt Pie XII. Le cardinal vénitien Roncalli lui succède et prend le nom de Jean XXIII. Contrairement à son prédécesseur, il nomme Montini cardinal.
Jean XXIII souhaite débuter son pontificat en convoquant un concile, dans la lignée de Vatican I, interrompu en 1870, qui permettrait de répondre à la transformation du monde contemporain, d’adapter ainsi l’Église aux exigences du XXe siècle et d’insuffler un renouveau moral de la vie chrétienne. Le cardinal Montini participe activement à sa préparation.
Le concile Vatican II s’ouvre le 11 octobre 1962. Il rassemble 2400 évêques, issus de 136 pays différents. Mais seulement huit mois plus tard, le 3 juin 1963, Jean XXIII décède.
Paul VI, élu 262e pape de l’Église catholique
Élection
Pressenti comme favori à la succession de Jean XXIII, le cardinal Montini est élu pape le 21 juin 1963. Il prend le nom de Paul VI, en référence à saint Paul, apôtre des païens, et à Paul V, qui a mis en place les décisions du concile de Trente.
Les principaux objectifs de son pontificat sont de mener à termes Vatican II, de favoriser l’unité des chrétiens et de préserver la paix dans le monde, après deux guerres mondiales déchirantes.
Le pape de Vatican II
En septembre 1963, le concile reprend. Il se termine en décembre 1965 et produit seize textes, dont quatre constitutions. Parmi les éléments marquants, on trouve :
- La rénovation et la simplification de la liturgie catholique : le rite n’est désormais plus transmis en latin mais en langue vernaculaire, ce qui permet une plus grande participation des laïcs ;
- La redéfinition de la nature de l’Église (sa mission est avant tout pastorale et tous ses membres sont égaux devant Dieu) et le renforcement du rôle des évêques ;
- L’importance de la liberté religieuse des individus ;
- La nécessité du dialogue interreligieux, avec le judaïsme notamment (pour son premier voyage, le pape choisit d’aller en Terre sainte) ;
- Sur la question de la révélation divine, l’approche historico-critique et l’importance de l’exégèse dans l’étude des textes bibliques sont reconnues (bien que l’historicité des Évangiles soit confirmée) ;
- La solidarité de l’Église avec le monde moderne.
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Un pape moderne
Pendant son cardinalat, Paul VI (encore Montini à l’époque) a déjà beaucoup voyagé en Amérique, en Europe et en Afrique. Avant de devenir pape, il incarne déjà un autre visage de l’Église catholique, plus moderne et tournée vers le monde. Cette posture sera renforcée durant son pontificat. En effet, il est le premier pape à prendre l’avion et à voyager hors de Rome depuis plus de 50 ans.
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Dans la lignée de Vatican II, il favorise ainsi le dialogue œcuménique et interreligieux (il rencontre plusieurs leaders religieux, comme le patriarche Athénagoras et le Dalaï-Lama), il encourage le renouveau charismatique dans le monde, s’adresse au siège de l’ONU, à New York, contre la guerre et se positionne, dans son encyclique Populorum progresso (1967), en faveur des pauvres. Ses grands voyages apostoliques lui font prendre conscience du potentiel d’unification d’une Église universelle.
Malgré tout, Paul VI reste un pape, sur certains sujets, conservateur. Par exemple, il condamne la contraception et l’homosexualité (Humanae vitae) et confirme le célibat des prêtres.
La mort de Paul VI
Paul VI meurt d’une crise cardiaque le 6 août 1978, à Castel Gandolfo, à l’âge de 80 ans. Il est enterré dans les grottes du Vatican quelques jours plus tard. Jean Paul Ier lui succède.
Paul VI est béatifié le 19 octobre 1964 et canonisé par le pape François le 14 octobre 2018.