Par Julia Itel – Publié le 17 octobre 2022

Mère Teresa est une religieuse catholique d’origine albanaise, ayant fondé la congrégation des Missionnaires de la Charité. Pendant plus de 40 ans, celle que l’on surnomme la « sainte de Calcutta », vêtue d’un simple sari blanc et bleu, a dédié sa vie aux plus miséreux. Le Jour du Seigneur présente ici cette figure incontournable de la foi chrétienne du XXe siècle. 

D’où vient Mère Teresa ?

Découvrez ce documentaire exceptionnel Matthieu 25.35 : Mère Teresa de Calcutta

Pour voir cette vidéo pour devez activer Javascript et éventuellement utiliser un navigateur web qui supporte la balise video HTML5


Famille et enfance

Mère Teresa, de son vrai nom Agnès Gonxha Bojaxhiu, est née le 27 août 1910 en Macédoine, dans la ville de Skopje. Élevée dans une famille bourgeoise, son père veille à l’instruction de ses enfants et, en particulier, de ses filles. Sa mère, quant à elle, se charge de l’éducation religieuse de la maisonnée, connue pour accueillir toute personne dans le besoin et pour donner une place centrale à la prière.

Lorsqu’elle a neuf ans, son père décède. Sa mère, Drane, doit alors subvenir aux besoins du foyer et ouvre un petit atelier de couture. Pour pallier l’absence de son mari, Drane se rapproche de l’église et de sa paroisse, qui va devenir pour ses enfants et elle comme une deuxième famille. 


L’appel de la vie religieuse

Déjà, adolescente, Agnès se passionne pour le travail des missionnaires, qu’elle découvre à travers la revue Missions catholiques. Mais c'est à 17-18 ans qu’elle entend pour la première fois, de manière distincte, la voix de Dieu, au pied d’une statue de la Vierge Marie. Elle décide alors de rejoindre la congrégation des Soeurs de Lorette, qui travaille principalement au Bengale. 


Les sœurs de la Bienheureuse Vierge Marie

Mais avant de rejoindre l’Inde, Agnès se rend pendant deux mois à la maison mère des soeurs de Lorette, située en Irlande à Dublin, afin d’apprendre l’anglais et les bases de la vie en communauté. La congrégation des sœurs de la Bienheureuse Vierge Marie de Lorette a été fondée au XVIIe siècle par Mary Ward afin de donner aux femmes une part plus active dans l’Église. Basée sur les règles de la Compagnie de Jésus et sur les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola, cette congrégation de droit pontifical se consacre au service du prochain et à l’instruction des plus pauvres. Le 1er décembre 1928, la jeune Agnès embarque enfin à bord du Marcha pour l’Inde.


Mère Teresa et l’arrivée en Inde

Dès son arrivée en Inde, Agnès est frappée par l’immense et l’indescriptible pauvreté qui y règne. Elle découvre aussi rapidement la richesse culturelle, religieuse et ethnique qui caractérise le pays. 


Agnès devient sœur Teresa

Peu après avoir débarqué à Loreto House, première institution implantée par les soeurs en Inde (Calcutta) depuis moins d’un siècle, Agnès se rend à Darjeeling pour y faire son noviciat. Deux ans plus tard, elle prononce ses vœux le 24 mai 1931 et choisit le nom de Teresa, en hommage à sainte Thérèse de Lisieux, patronne des missions et canonisée six ans plus tôt.

Après sa profession, elle est envoyée dans un dispensaire spartiate au cœur de la jungle du Bengale. Bouleversée par la misère de ceux qui viennent demander chaque jour des soins, elle s’attelle à la tâche et trouve là une certaine joie à s’occuper des plus nécessiteux. 


L’enseignement

Peu de temps après, sœur Teresa est envoyée à Calcutta pour enseigner l’histoire et la géographie aux jeunes filles aisées de la ville, au sein du collège tenu par les sœurs de Lorette à Entally. Adaptable et compétente (elle apprend le bengali, l’hindi, ainsi que le système social, culturel et religieux), ses élèves la surnomment affectueusement « Ma (Mère) Teresa Bengali », surnom qui la suivra. Elle apprécie beaucoup l’enseignement et devient successivement responsable d’une section du collège, puis directrice des études. 


La vocation : la sœur des pauvres

Le 10 septembre 1946, alors qu’elle est dans un train à destination de Darjeeling, Mère Teresa pense à toute la misère qui l’entoure et dont elle se sent écartée, protégée dans son quartier d’Entally. C'est là qu’elle entend « l’appel dans l’appel » : « je devais sortir du couvent et aider les pauvres en vivant avec eux. C'était un ordre, un devoir, une certitude. »

Que reste-t-il de son œuvre ? Des hommes et des femmes d’Église qui l’ont bien connue se sont engagés à poursuivre son action de charité. Regardez le documentaire Mère Teresa : la révélation de Calcutta

Pour voir cette vidéo pour devez activer Javascript et éventuellement utiliser un navigateur web qui supporte la balise video HTML5


Quelques semaines plus tard, elle dépose une requête auprès de l’archevêque de Calcutta pour fonder un nouvel ordre religieux. Celui-ci la lui refuse. En effet, à la veille de l’indépendance de l’Inde, on s’inquiète de l’image qu’une Européenne, chrétienne, vêtue comme une Indienne et travaillant dans les bidonvilles avec des jeunes filles bengalies puisse renvoyer. À force de persévérance, sa demande est acceptée par le pape Pie XII. Le 16 août 1948, Mère Teresa quitte ses soeurs et se dirige vers le cœur de Calcutta.

 

Mère Teresa, la « sœur des slums »

Lorsqu’elle quitte la congrégation de Lorette, Mère Teresa sait qu’elle ne veut pas simplement s’occuper des pauvres, elle veut également vivre avec. Et, à cette époque, Calcutta incarne le symbole de la cité-misère : surpeuplée, pauvre, grouillant de maladies mortelles, l’espérance de vie est fixée à 32 ans seulement. Après s’être formée aux soins infirmiers pendant quatre mois, Teresa débarque à Calcutta avec cinq roupies en poche, vêtue de son célèbre sari blanc et bleu qui l’identifie au peuple indien.

Elle commence par ce qu’elle sait faire de mieux : enseigner. Ayant trouvé un petit deux-pièces au fond d’un jardin, elle enseigne à une trentaine d’enfants des slums (bidonvilles) la lecture et les règles de base d’hygiène. Elle soigne et nourrit avec le peu qu’elle détient les plus misérables. 


Les Missionnaires de la Charité

Rapidement, elle fait naître des vocations auprès d’anciennes élèves qui se groupent autour d’elle et forment bientôt une petite communauté. En 1950, Teresa écrit les règles de vie de sa congrégation : les Missionnaires de la Charité. Pour Mère Teresa, la charité est synonyme de l’amour pur de Dieu, que les sœurs de sa communauté sont amenées à répandre parmi les hommes. Telle est la vocation de sa congrégation.

Après avoir logé au 14, Creek Lane, les sœurs de plus en plus nombreuses déménagent en 1953 dans une maison achetée à leur nom par l’évêque de Calcutta. Mère Teresa y fait inscrire « J’ai soif », en référence à la parole du Christ (Jn 19, 28) et symbolisant la vocation de la congrégation : avoir soif de Dieu, rencontré dans chacun des pauvres aidés. Les sœurs prient quatre heures par jour et ont une dévotion particulière à Marie, qui a tant inspiré Mère Teresa.

Pour voir cette vidéo pour devez activer Javascript et éventuellement utiliser un navigateur web qui supporte la balise video HTML5

Vidéo : Les missionnaires de la charité

Qui sont les héritiers de Mère Teresa ? En 2010, la réalisatrice Delphine Prunault est allée à la leur rencontre à Calcutta.


Accompagner les mourants : Nirmal Hriday

Choquée que des êtres humains meurent à même le sol dans les rues de Calcutta, dans la plus grande indifférence, Mère Teresa émet le souhait de fonder un foyer pour accueillir les mourants. La ville lui donne une bâtisse laissée à l’abandon et située à côté du temple de Kali, dans le quartier de Kalighat. Cet ancien abri pour pèlerins est bientôt reconverti en mouroir et est inauguré comme tel le 22 août 1952. Elle le nomme Nirmal Hriday, « la Maison du cœur pur ».

Chaque matin, les sœurs font le ramassage des mourants, parfois avec des charrettes, parfois avec leurs bras seuls. À l’image de Mère Teresa qui incarne à la fois une figure autoritaire, entière, déterminée mais aussi tendre, chaleureuse et rayonnante d’amour, les Missionnaires apportent aux mourants douceur et réconfort. Peu importe leur religion ou origine ethnique, tous sont traités dans l’amour : « Ils ont vécu comme des bêtes. Qu’au moins ils meurent comme des êtres ». Ainsi, depuis 1952, Nirmal Hriday a accueilli plus de 60 000 personnes, dont la moitié a pu sortir guérie.


La Maison de l’enfant abandonné 

En 1955, Mère Teresa ouvre Nirmala Shishu Bhavan, la Maison de l’enfant abandonné afin d’accueillir tous les enfants trouvés dans la rue (parfois au milieu des poubelles), ainsi que les filles-mères et leur enfant. S’opposant vigoureusement à l’avortement, Mère Teresa offre ainsi la possibilité de recueillir les enfants dont personne ne veut. Elle ouvre au sein de la Maison un centre d’adoption. 


Le combat pour les lépreux

En 1957, Teresa reçoit la visite de cinq lépreux venant de perdre leur emploi après l’annonce de leur maladie. Là, la religieuse se rend compte que cette population est la plus misérable de toutes ; ce sont les parias, ceux qui sont les plus rejetés et les plus démunis. Aussitôt, elle s’empare de leur cause. Disposant de véhicules, offerts par des bienfaiteurs, elle crée des cliniques mobiles fournissant les soins et médicaments disponibles pour traiter la maladie. 

Elle multiple ainsi les demandes de financement pour garantir l’accès aux soins (elle vend, par exemple, à la tombola la limousine que Paul VI lui a léguée). En 1974, Shanti Nagar (« Cité de la paix ») sort de terre : cette ville a été pensée pour accueillir les lépreux, leur famille et leur permettre de vivre et travailler en paix. Ayant ouvert une centaine de léproseries, les missionnaires veillent à offrir aux lépreux une dignité et une estime d’eux-même jusqu'alors jamais trouvée.


Mère Teresa, figure internationale

L’expansion de la congrégation des Missionnaires de la Charité…

À partir de 1959, conformément au souhait de Teresa, la congrégation des Missionnaires de la Charité se développe en dehors de Calcutta. D’abord en Inde (Ranchi, New Delhi, Bombay), où elle reçoit le soutien du premier ministre Nehru, puis à l’étranger : en Amérique latine, en Afrique. 

Refusant tout engagement politique, Mère Teresa ne fait aucune distinction entre les hommes, comme au Yémen, un pays ravagé par la guerre et à majorité musulmane, où elle fonde une maison. Son idéal missionnaire est révolutionnaire : sans faire de prosélytisme, Mère Teresa répand universellement l’amour que Dieu lui a confié en son cœur, sans jamais rien imposer. 

Au début des années 1960 se pose la question de la création d'un ordre masculin des Missionnaires de la Charité. Elle confie au prêtre jésuite Ian Travers-Ball la direction du nouvel ordre des Frères Missionnaires de la Charité en 1963. En 2003, la congrégation est reconnue de droit pontifical. En 2016, elle comptait plus de 400 membres, répartis dans une soixantaine de communautés différentes à travers le monde.


…jusqu’en Occident

Après que Paul VI a accordé à la congrégation un « décret de louange », ce qui lui permet d’être définie comme congrégation de droit pontifical, Mère Teresa devient une figure médiatique incontournable, souvent malgré elle… De partout, les demandes de visite affluent et nombreuses sont les invitations à fonder des maisons dans le monde. 

En 1968, le pape lui demande d’ouvrir une communauté à Rome. Dans la « ville éternelle », Teresa s’aperçoit qu’il existe aussi de la pauvreté en Occident. Après avoir visité l’Australie, l’Europe, les États-Unis (elle ouvre en 1985 un foyer pour les malades du Sida), son constat est le même : contrairement à la richesse intérieure des pauvres du Sud, l’Occident est pétri de matérialisme et d’égoïsme dû à sa société de consommation. Elle regrette le déclin de la cellule familiale et la misère morale et spirituelle de cette région du monde.


La consécration

Parcourant le monde comme ambassadrice de la charité chrétienne, Mère Teresa reçoit de nombreux prix et distinctions (dont plusieurs doctorats honoris causa), à commencer par le prix Padna Shri en 1962, remis pour la première fois à une personnalité étrangère, et par le prix Jean XXIII pour la paix en 1971, remis par Paul VI. 

En 1979, elle est lauréate du prix Nobel de la paix, qu’elle accepte « au nom des pauvres ». Médiatisée malgré elle (ayant toujours préféré vivre dans la pauvreté), Mère Teresa a toujours accepté de recevoir les honneurs afin de financer les foyers, maisons et centres pour les nécessiteux. Cette année-là, c'est son idéal de justice sociale et son action individuelle tournée vers l’accomplissement du bien qui ont été récompensés. 


Comment Mère Teresa est-elle décédée ?

Plus de 50 ans après avoir reçu « l’appel », Mère Teresa succombe à un cancer de l’estomac le 5 septembre 1997 à la maison mère des missionnaires de la Charité. L’Inde décrète un jour de deuil national et des funérailles d’État sont organisées le 13 septembre. Calcutta pleure une mère et une sainte ; le monde perd un modèle de sagesse et d’humanité. Béatifiée en 2003 par Jean-Paul II, elle est canonisée le 4 septembre 2016 par le pape François et fêtée le 5 septembre.
 

La nuit de la foi 

Comme d'autres mystiques avant elle, Mère Teresa a connu pendant plus de 50 ans les ténèbres de la foi. En 1958, elle confie ne plus croire que Dieu existe réellement, ce qui la plonge dans un désarroi total qu'elle tente d'oublier dans la mission qu'elle s'est trouvée.