Aux côtés de la très officielle programmation du festival « In », dans les lieux prestigieux d’Avignon tel le palais des papes, le cloître des carmes ou des célestins, le festival « off » est celui de tous les possibles. Il s’y donne, sur des planches en des salles plus intimes, des comédiens professionnels ou amateurs, des amoureux saltimbanques de comédies légères ou de nos tragédies contemporaines. Quand le « In » rassemble une quarantaine de spectacles, le « off » quotidiennement affiche plus de 1500 créations. Retour sur trois de nos coups de cœur.
 

Molière volant

En cette année du 400ieme anniversaire de la naissance de Molière, plus de 150 spectacles du off nous offrent de revisiter l’œuvre et la personnalité du plus célèbre comédien et dramaturge Francais. Avec une générosité qui touche le cœur, le metteur en scène et comédien Claude Brozzoni, a choisi de s’arrêter sur l’enfance et la jeunesse de Molière. Molière avant Molière, nous avons nommé Jean-Baptiste Poquelin. S’inspirant du texte de Mikhaïl Boulgakov. « Le roman de monsieur de Molière », le propos est porté avec humour et énergie débordante, par Christian Lucas, alias Monsieur Tic, et accompagné par Claude Brozzoni, alias Monsieur Top, bougon et facétieux. Un spectacle familial et joyeux où « la maison des singes » de la famille Poquelin et la présence du grand-père nous font découvrir la genèse qui donnera au théâtre des répliques qui compteront parmi les plus célèbres.


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Le monde ou rien, au théâtre des Béliers

Elie Salleron nous fait entrer en scène et nous convoque à une concertation citoyenne. D’emblée, il propose aux spectateurs de s’exprimer, à chacun de donner son avis, de proposer sa solution à notre monde malade comme le ferait un gentil groupe de réflexion écolo-bobo. Malaise ! Mais la situation dérape, emportée par le déferlement des petites préoccupations nombrilistes qui rongent les cœurs des uns et des autres. Avec force et humour, notre humanité au bord de l'implosion éclate en fait sous nos yeux, les balles fusent procurant une délectation coupable mais bien raisonnable. L’ensauvagement technologique et la bien-pensance médiatique en prennent un coup. Auront-ils raison de nous ? On rit beaucoup.


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Danton, les derniers jours du lion, au théâtre de l’Essaion

Depuis l’aventure du Théâtre du peuple de Romain Rolland, la révolution française ne cesse d’enflammer les planches, entre “convulsion de la nature” et “tempête sociale”. Avec Danton, selon un texte d’Etienne Ménard, “The big cat company” nous introduit au coeur de la tempête, au plus intime d’une amitié et d’alliances trahies, piétinées et sacrifiées lors de la Terreur, en novembre 1793, au nom de la Vertu et d’une république en danger. Exacerbée par un excellent jeu d’acteurs, l’intensité est à son comble quand monstres et victimes - Maximilien Robespierre, Joseph Fouché, Louis-Antoine de Saint-Just, Georges Danton, Camille et la jeune Lucile Desmoulins de 24 ans - dévoilent leur coeur et leurs fêlures. Deux siècles plus tard, la leçon est glaçante, aussi tranchante que le couperet de l'échafaud. Une leçon d’histoire magistrale qui démasque l’essence même d’une radicalisation !


Les frères Remy Vallejo, Charles Desjobert, Thierry Hubert