En direction de la porte des Lilas, la ligne 11 dessert une église néogothique classée et une communauté paroissiale inclassable. Rendez-vous à Saint-Jean-Baptiste-de-Belleville dans l’Est de Paris. 

Connues jadis pour leurs vignobles et guinguettes, les hauteurs de Belleville ont vu naître Edith Piaf et les premiers syndicats. Cette double mémoire rurale et populaire reste vivante dans la paroisse saint-Jean-Baptiste-de-Belleville en plein XIXe arrondissement. L’acte de baptême de la Môme, la célébrité locale, est arboré à côté du baptistère de cette paroisse dans laquelle « on s’entraide et on s’épaule » assez surnaturellement aux dires des paroissiens.

Une communauté chaleureuse

Les dimanches ? L’église est pleine. « Vous allez voir, c’est une communauté chaleureuse et accueillante ! » préviennent deux membres du copieux conseil pastoral réuni autour du curé, le père Christian M. et des pères Bruno et Théophile, ses vicaires. Cette assemblée dominicale « aux 35 nationalités » est constituée par des « chrétiens de tous les styles et de toutes les sensibilités». En vérité, un vrai fleuve de charismes et d’initiatives comme le prouve la quarantaine de groupes recensés sur le site internet de la paroisse. Cénacle de louange, patronage, apéros pour redécouvrir la foi, réflexion sur l’écologie, solidarité avec les sans-abris, maraude, adoration, CIMADE, Tibériade…À Saint-Jean-Baptiste-de-Belleville, c’est un peu comme à la Samaritaine, il se passe toujours quelque chose. Une application est devenue nécessaire pour actualiser l’agenda torrentiel de cette paroisse engagée.

Une église néogothique

Quant à l’édifice, il vaut le déplacement. Dernier chantier de l’architecte romantique Jean Baptiste Antoine Lassus, moins connu que son élève Eugène Viollet le Duc, cette église néogothique est classée aux Monuments historiques. À 56 mètres au-dessus du métro Jourdain, ses deux flèches pointent vers le ciel. Les habitants des Hauts de Belleville ont là leurs habitudes. « On sent que c’est une maison habitée» explique Yves B. un autre membre du conseil pastoral. « C’est une église où les gens viennent prier. Même les non croyants viennent se recueillir ici », précise le curé averti par les ventes record de bougies.

Avec son faux air de cathédrale gothique miniature, Saint-Jean-Baptiste-de-Belleville est avant tout une vivante église de quartier, et de quartier encore prioritaire, en dépit d’une gentrification accélérée. Le défi du moment est plein d’espérance. Il s’agit de répondre à l’augmentation des demandes de baptême d’adolescents et de jeunes adultes. Un vrai casse-tête pour s’adapter aux emplois du temps scolaires et aux agendas étudiants. Mais avant tout la très grande joie de voir la communauté s’accroître. Dans la nuit de Pâques, ce sont 14 adultes qui seront baptisés. Avec sa quarantaine de catéchumènes, cette paroisse parisienne n’est pas desservie en vain par le métro Jourdain !