L’église de Saint-Didier a une place singulière dans ce village provençal. Son curé, le père Robert Culat, accueille les nouvelles têtes avec enthousiasme et défend l’ouverture vers la culture avec une mission diocésaine.
Le facteur d'orgues de Notre-Dame
Dans un style provençal, la rue principale de Saint-Didier est bordée de platanes majestueux. L’ancienne allée qui conduit au Château de Thézan passe sous le clocher-porche. L’entrée de l’église se situe juste après le porche, sur la gauche. « L’église était au départ celle du château, puis elle a été transformée en église de village quand celui-ci s’est développé au XVIe siècle », explique le Père Robert Culat, curé du secteur paroissial de Saint-Didier. Personne ne connaît sa date de construction. Mais les derniers éléments de sa construction datent du XVIIIe siècle, notamment la voûte renforcée et la nef latérale. Elle dispose à l’intérieur d’un ensemble de retables, datant de l’époque baroque, restauré au début des années 2000. Et petite nouveauté, la présence d’un orgue ! Pascal Quoirin, le facteur d’orgue de la cathédrale Notre-Dame de Paris, est installé à Saint-Didier. Un de ses clients lui a offert un orgue qu’il a proposé à l’église. « On ne l’utilise pas tous les dimanches mais de temps en temps, l’orgue vient apporter une nouvelle touche sonore. Il sert aussi pour des événements culturels. » Car comme souvent en Provence l’été, l’église accueille des concerts de musique.
Le village compte 2100 habitants mais le secteur paroissial regroupe aussi trois autres villages : Venasque, Le Beaucet et la Roque sur Pernes, soit un ensemble de 4000 habitants. Une fois par mois, le père Culat propose une messe de secteur qui réunit tous les paroissiens. Les autres dimanches, le curé préside deux messes à Venasque et à Saint-Didier. Dans les autres villages, les messes ont lieu seulement à l’occasion des fêtes patronales ou pour des sacrements (baptêmes, mariages…).
La population qui fréquente la messe est vieillissante, selon le prêtre, sauf une poignée de familles avec des enfants. « Le catéchisme est le point faible de la paroisse. Seulement deux enfants fréquentent le catéchisme, admet le père Culat. Mais heureusement, deux jeunes femmes médecins sont venues s’installer dans le village pour ouvrir un cabinet à Velleron et elles fréquentent la messe, l’une d’entre elles est investie dans l’animation liturgique. Deux jeunes, éloignés de l’Église, sont revenus à la messe d’eux-mêmes, ce sont des « recommençants ». Et depuis deux ans, j’ai eu quatre demandes de baptêmes de jeunes et d'adultes, quatre sur deux ans. Ce petit frémissement est très encourageant ! » Sans compter que l’été, le village prend des airs de fête. « J’ai trois fois plus de monde à la messe, avec les estivants et les gens de passage, particulièrement à Venasque. La Provence est une terre très touristique qui attirent du monde. »
Une richesse spirituelle et sacerdotale
Une des particularités de cette paroisse est la présence, entre Saint-Didier et Venasque, du Studium Notre Dame de Vie, institut séculier qui forme des séminaristes et des prêtres, des laïcs hommes et femmes à une vie consacrée dans la société ou au ministère sacerdotal. Non loin de là se trouve aussi le sanctuaire marial Notre-Dame de Vie à Venasque. De l’autre côté, vers le Beaucet, le sanctuaire de Saint-Gens, installé sur le lieu d’ermitage de Gens Bournareau, est un vieux lieu pèlerinage de Provence. Ce secteur est donc largement fréquenté par des touristes intéressés par les aspects spirituels et aussi par des religieux et religieuses qui suivent les cours ou enseignent au Studium. « C’est une vraie richesse spirituelle et sacerdotale, concentrée dans un si petit périmètre géographique », reconnait Robert Culat. Ainsi, il a fait le choix de proposer une formation pour adultes, un peu différente de ce qu’une paroisse peut proposer. « Elle est plus orientée vers la philosophie, en lien avec la Bible. Cette année, nous travaillons nous travaillons sur Les lettres à Lucilius de Sénèque ».
Le père Robert Culat a aussi une autre mission d’ouverture car il est délégué épiscopal à la culture. C’est-à-dire qu’il va voir des spectacles, tient une permanence d’accueil, d’écoute et de dialogue pendant le festival d’Avignon. Il cherche de manière informelle et gratuite le contact avec les artistes et les festivaliers. Le but de cette mission est de « signifier la présence concrète de l’Église dans le monde de la culture. » Une mission originale qui n’est pas de tout repos !