Dom Robert (1907-1997) est moine depuis 1930 à l'abbaye bénédictine d'En Calcat dans le Tarn. Très jeune, il aime fréquenter le Louvre et se plait à dessiner. Son entrée au monastère fait qu'il abandonne un peu sa passion. Toutefois, une rencontre avec Jean Lurçat en 1941 lui permettra de révéler ses dons pour la tapisserie. Depuis ce jour, Dom Robert a tenté de concilier au mieux ses talents d'artiste à sa vie de prière. Une façon pour lui de louer Dieu à travers ses œuvres, comme le font les psaumes.
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Alors que les tapisseries de Dom Robert sont exposées au musée Toulouse Lautrec d'Albi, Véronick Beaulieu rencontre Dom Robert pour l'interviewer. Nous sommes en 1991 et à 83 ans, il poursuit son oeuvre qui en a fait un grand nom de la tapisserie.
Il revient sur l'histoire de sa vocation monastique et artistique qu'en cette vie finissante il assure équilibrée :
"Faire voir, en art, une chose qui vraiment vient de l'Esprit de Dieu".
Il dit encore :
"Je crois faire une oeuvre religieuse en faisant ce travail de jardin, de floraison, qui représente ce que disent les psaumes."
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Sophie Guérin-Gasc, docteur en histoire de l’art et responsable des collections au musée Dom Robert et de la tapisserie du 20e siècle, revient sur l’itinéraire artistique et personnel de l’artiste-moine.
Comment reconnaître que les créations de dom Robert sont celles d’un homme de foi ?
C’est une grande question. L’œuvre de dom Robert porte en elle cette universalité qui dépasse la nature de son créateur, un moine bénédictin. Elle touche à l’essentiel. La tapisserie de dom Robert Tapis de prière nous donne peut-être une clé de compréhension. Y est représenté un parterre d’ombelles, cet ensemble de petites fleurs groupées formant une sphère. Ainsi, pour dom Robert, un champ, une prairie est aussi un lieu de prière, un endroit où s’épanouit et où il vit sa foi.
Dom Robert a réalisé quelques tapisseries à motifs religieux, essentiellement des commandes. Mais il n’aimait pas beaucoup représenter la figure humaine et est toujours resté plus sensible à la beauté des choses simples qu’il contemplait toujours avec le même enthousiasme dans la nature.
Je crois finalement que son identité de moine se révèle par la grande simplicité et l’humilité de son travail. À tort classé parmi les artistes naïfs, dom Robert sait se laisser envahir par les choses les plus simples de la Création afin de comprendre que toutes sont l’œuvre de Dieu. Je pense que, lorsqu’il revenait dans le chœur pour chanter les offices avec ses frères, il était dans la louange d’avoir pu contempler la beauté de la Création.
"La nature, toute pure, toute simple, toute proche, celle qui nous entoure et se rencontre sous nos pas, à laquelle on oublie le plus souvent de prêter la moindre attention, peut être à elle seule un champ de recherche et de trouvailles aussi inépuisable que le champ des étoiles", écrivait-il.
Propos recueillis par Augustin Chenevier
Extrait du Grand article L’œuvre de dom Robert touche à l’essentiel, publié dans Le Bulletin du Jour du Seigneur n°230 (juin-juillet 2022)

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