Léa vivait à Rome au IVe siècle. et termina sa vie à Ostie, port de Rome, en 384. C'était une grande dame de la noblesse romaine qui, devenue veuve, s'était retirée auprès de la mer pour y mener la vie monastique. Comme d'autres dames dont on connaît les noms - Paula et Eustokia, Marcelle et Mélanie -, elle était une auditrice assidue des cours de saint Jérôme. Il quittera Rome pour la Terre Sainte et ira s'enfouir à Bethléem afin de réaliser en latin sa version des Saintes Ecritures, appelée la "Vulgate".
 
Pour savoir comment vivait Léa, grande dame devenue religieuse, lisons une lettre que Jérôme écrivit de Bethléem, après avoir appris son décès : "Qui louera la bienheureuse Léa comme elle le mérite ? Elle a renoncé aux fards, aux perles brillantes et aux riches atours, pour se couvrir d'un sac ! Elle a cessé de commander pour obéir, vivant dans un coin avec quelques pauvres meubles, passant ses nuits en prière". Ensuite, le ton de Jérôme change : on retrouve l'agressivité de son mauvais caractère contre les adversaires de ses idées. Il aura de quoi se convertir à l'esprit de l'Evangile, près de la Crèche de la Nativité du Sauveur ! Ainsi, il se met à parler d'un consul de Rome venant de mourir et qui aurait bien besoin du secours de leur amie : "Du sein d'Abraham, Léa voit notre consul naguère revêtu de pourpre et montant au Capitole acclamé par la foule. Il est réduit à réclamer une goutte d'eau pour étancher sa soif, plongé dans les ténèbres... tandis que notre amie Léa, qui passa pour folle en cette vie, a été reçue dans la Maison du Père au festin de l'Agneau".
Léa vient du latin "laetare", se réjouir, joie.