Par Julia Itel - Publié le 12/12/2022

On connaît de Guy Gilbert son franc-parler, son blouson noir et son travail auprès des jeunes en difficulté. Mais celui connu comme le « curé des loubards » est avant tout un homme de Dieu et de prière. Découvrez le portrait de ce prêtre atypique.

Qui est Guy Gilbert ?

Guy Gilbert est un prêtre catholique français. Il naît le 12 septembre 1935 à Rochefort-sur-Mer (Charentes-Maritimes) dans une famille ouvrière de quinze enfants. À l’âge de 13 ans, il prend conscience de la foi qui l’habite et décide d’entrer au petit séminaire. Là, étonné du décalage existant entre la richesse de l’Église et la pauvreté de la vie du Christ, il décide de se consacrer aux plus démunis.

Sa vocation religieuse lui apparaît clairement lors de sa mobilisation en tant que séminariste pendant la guerre d’Algérie. Il est ordonné prêtre le 3 juillet 1965

Guy Gilbert pense d’abord à devenir curé de campagne. Mais son destin le rattrape : c'est auprès des jeunes en difficulté qu’il vivra son apostolat. Il rentre alors à Paris et devient éducateur spécialisé pour les adolescents livrés à eux-mêmes et les jeunes délinquants qui vivent dans la rue, au sein du 19e arrondissement.


Guy Gilbert, le curé des loubards

Les jeunes de la rue

Au début des années 1970, lorsqu’il commence sa double mission de prêtre et d’éducateur de rue, c'est l’époque des « blousons noirs » : de nombreux jeunes aux blousons de cuir traînent dehors et sont soupçonnés de nombreux délits. Plusieurs d’entre eux sont, en effet, des consommateurs réguliers de drogues et/ou des récidivistes multipliant les aller-retours en prison. 

Découvrez le travail de Guy Gilbert auprès des jeunes dans la rue

Pour les aider du mieux possible à sortir de la rue et à leur donner une chance de vivre dignement, Guy Gilbert apprend leurs codes et n’hésite pas vivre comme eux. Il ouvre également une permanence située au 46 rue Riquet pour les accueillir. Il se souvient : « Moi, j’étais respecté grâce à mon vêtement et eux pas. Ils m’ont dit ‘’Tiens, prends ce blouson, et tu verras !’’. C’est ce que j’ai fait. Je l’ai porté et j’ai bien vu ! Depuis, je le porte en signe de combat et de force, en communion avec tous ceux qui ne croient pas, ou plus, à l’amour, et pour rendre à ceux-là l’amour que j’ai reçu ».


La Bergerie de Faucon

En 1974, il achète une ferme au cœur des Alpes de Haute-Provence, au Palud-sur-Verdon afin d’accueillir des jeunes en difficulté et leur donner l’opportunité de se réinsérer. Situé en pleine nature, c'est entouré d’animaux (que Gilbert considèrent comme de vrais thérapeutes) et par le travail manuel que les jeunes se restructurent et retrouvent foi en la vie. Depuis plus de 50 ans, six éducateurs se relayent à la Bergerie de Faucon et s’occupent de 7 jeunes placés par l’Aide sociale à l’enfance. 

Aujourd'hui, Guy Gilbert, âgé de 86 ans, vit dans un petit chalet à proximité de Faucon. Tous les soirs, il vient dîner avec ses protégés et vient ainsi prendre de leurs nouvelles.

À voir : La ferme de l'espérance - La Bergerie de Faucon de Guy Gilbert


Une personnalité publique

Ce prêtre détonnant à l’allure de rockeur a sauvé, en plus de 50 ans de mission pastorale, des milliers de jeunes de la prison, du suicide ou du désespoir. Guy Gilbert est l’auteur de 46 ouvrages dans lesquels il témoigne de son parcours avec les jeunes (La rue est mon église, 1980) mais aussi des paroles divines et bibliques qui le guident et l’inspirent quotidiennement. 

Il est régulièrement l’invité d’émissions TV et radio (Les Grosses Têtes sur RTL, Radio Notre-Dame) et rédige des chroniques pour le journal La Croix. En 2005, il est nommé chevalier de la légion d’honneur par Jacques Chirac.


L’homme de Dieu

Toute sa vie, Guy Gilbert a su trouver la force et le courage nécessaires pour accompagner et aider les exclus grâce à la prière. Pratiquée quotidiennement et de manière silencieuse, c'est dans le calme qu’il trouve la grâce et qu’il sent pleinement la présence de Dieu.

Chaque matin, Gilbert prie le Seigneur et choisit la phrase qu’il va méditer le restant de la journée : c'est son « rendez-vous avec la parole du Christ ». Le curé a soif de silence et d’absolu. La méditation et la contemplation (souvent dans la nature, au gré de randonnées) nourrissent intensément sa relation à Dieu, qui se veut finalement si simple.

Découvrez l'homme de foi qui se cache derrière le "curé des loubards"