À l’Utopia, revivre au Rwanda
Pour la 4ieme année consécutive, Le Jour du Seigneur a posé ses valises le temps d’une matinée au cinéma Utopia. Situé derrière le palais des papes, au bout du verger Urbain V, dans un décor ancien de bois, ce lieu mythique est l’emblématique rendez-vous du festival et du 7ieme art.
Au programme de ce dimanche 13 juillet, la projection du film “Médiatrice, revivre au Rwanda”, suivie de la rencontre, animée par David Milliat, avec son réalisateur Bernard Mangiante. La thématique de cette matinée fait écho à la pièce “Gahugu Gato (Petit Pays)” de Frédéric Fishbach, adaptée du célèbre roman de Gaël Faye, et jouée au cloître des Célestins, à partir du 17 Juillet. Si les spectateurs était moins nombreux que d'habitude, la rencontre initialement prévue de 30 minutes dura une heure tant l'échange fut riche, profond et passionnant.
Médiatrice à l'extraordinaire prénom de sa fonction, où mieux de sa vocation pourrait-on dire : “Être au milieu”, “entre” ceux qui ont massacré et les survivants de ce genocide. Près d’un million de Tutsis tués par les Hutus, leurs voisins, leurs amis d’hier, leurs cousins, et fréquentant parfois la même église. En quelques mois, c'était il y a 31 ans. Médiatrice,elle, va voir cent membres de sa famille assassinés et va se retrouver à élever 11 de ses neveux épargnés. Mais une ressource intérieure et puissante la pousse à mettre en place des groupe de paroles et de communication entre les antagonistes. Formée à la thérapie sociale de Charles Rojzman a qui le film est dédié, Médiatrice œuvre pour que s’ouvre dans un cadre de dialogue bien défini, quelques chemins où pourront éventuellement se dire un jour, des paroles de pardon qui “ne sera pas l’oubli” mais une libération intérieure.
Médiatrice, revivre au Rwanda
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La discussion avec Bernard Mangiante nous permis de découvrir l'actualité du Rwanda. Ainsi, l'ouverture des archives dans les mois qui viennent devrait permettre une nouvelle mise en lumière des parties prenantes (y compris européennes),des aveuglements volontaires devant le mal, mais aussi en amont la mise en place de ce genocide jusque dans sa programmation réfléchie, opérationnelle et financière.
“Quand la mémoire oublie, l’histoire se répète”. Les trois génocides du XXe siècle, ceux de l’Arménie et du Rwanda, ainsi que la Shoah ont-ils suffisamment été déposés dans notre mémoire collective ? L'actualité de Gaza résonnait aussi tragiquement dans la salle de l’Utopia.
Frères Charles, Rémy, Thierry et Thomas