Lorsqu’une bonne nouvelle surgit dans une famille, la naissance d’un nouveau-né, ou bien la guérison d’un enfant, ou encore la réussite aux examens d’un adolescent, aussitôt les téléphones crépitent et les messages fleurissent sur les réseaux sociaux, tant il parait urgent et important de partager sa joie avec ses proches et ses amis !
 
C’est ainsi que, dans le récit que nous venons d’entendre, Cléophas et son compagnon, magnifiquement représentés par Arcabas dans cette église, retournent en toute hâte à Jérusalem, après avoir partagé avec Jésus le repas dans l’auberge d’Emmaüs, tant ils sont pressés de raconter à leurs amis le récit de cette rencontre improbable. Et ils échangent alors avec les apôtres et leurs compagnons, qui eux ont été marqués par le témoignage de Simon Pierre. Merveilleuse ambiance de cette première communauté ecclésiale, où chacun peut ainsi raconter l’histoire de sa rencontre avec Jésus ressuscité...
Je rêve d’une Eglise où il ne s’agirait pas d’abord de se mettre à l’écoute de discours, mais où chacun, à sa manière, avec ses mots, pourrait échanger sur les circonstances de la rencontre qu’il a effectuée avec Jésus ressuscité sur la route de sa vie quotidienne. J’aurais tant à raconter en ce qui me concerne, à partir de ma pratique d’éducateur salésien de Don Bosco, sur toutes ces retrouvailles avec Jésus caché sous les traits de tous ces petits que sont les enfants placés en foyer.
 
« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ! » Voici que les apôtres et leurs compagnons expérimentent en ce jour cette promesse de Jésus.
Mais ce qui est étonnant dans ce récit, c’est qu’ils ne le reconnaissent pas d’emblée. Pensez donc : les deux disciples d’Emmaüs viennent tout juste de le quitter, après le repas partagé dans l’auberge, et ils ne le reconnaissent pas lorsqu’il se présente à nouveau à eux quelques heures après ! C’est étrange ! Manière pour l’évangéliste de nous faire découvrir que Jésus ressuscité nous surprend toujours. Il n’est jamais possible de l’enfermer dans une représentation. On le voit successivement apparaître dans les évangiles sous les traits du jardinier, du compagnon de route, ou bien du convive autour d’un barbecue sur la plage… Le reconnaître nécessite, à chaque fois, de dépasser la représentation que nous avons parfois tendance à nous faire de lui et d’accepter de nous laisser surprendre.
Mais ce qui caractérise chacune de ces rencontres, c’est l’apaisement qu’elle procure. « La paix soit avec vous ! » constitue en quelque sorte le mot de passe de Jésus. Lorsqu’un jeune me parle du tourment causé par je ne sais quelle expérience qu’il qualifie de spirituelle, j’aime alors lui répondre qu’il ne peut s’agir d’une rencontre avec Christ ressuscité, car Lui est toujours source de paix.
 
« Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Là encore, c’est étonnant ! Voici que c’est Jésus qui vient prier l’homme de le nourrir ! Étrange renversement des rôles …Et comme dans tout repas pris en famille ou avec des amis, le partage de la nourriture va de pair avec l’échange de paroles. Et Jésus revient alors à l’essentiel de son message : « La conversion sera proclamée pour le pardon des péchés... » Ce mot conversion, au sens évangélique du terme, n’a pas la même signification qu’en mathématiques, où il s’agit d’écrire différemment la même chose : 2/4=1/2, et voilà ma fraction convertie. Non, il a le sens qu’il revêt dans le domaine du ski, lorsqu’il s’agit, face à un obstacle, de s’arrêter et de faire demi-tour, au risque pour le débutant de se prendre les pieds dans les planches. Conversion signifie demi-tour. Spontanément, la flèche qui bien souvent oriente nos paroles et nos actions est tournée vers nous, au service de notre ego en quête de reconnaissance, et voici qu’il nous est demandé de lui faire opérer un demi-tour, en l’orientant vers les autres et vers le Seigneur. Il s’agit pour chacun d’entre nous, en ce temps pascal, d’apprendre à mourir à l’égoïsme pour naitre à l’amour.
 
            « A vous d’en être les témoins » A toi … à moi…à chacun d’entre nous… Christ ressuscité continue d’être présent aujourd’hui, au cœur de notre monde, quand nous nous réunissons en son nom, quand nous écoutons sa Parole, quand nous l’accueillons dans la personne de l’enfant ou de la personne fragile, comme vous, frères camilliens, le faites si bien, ou lorsque, comme maintenant, nous partageons le pain eucharistique. Puisse ce partage nous donner la force et le courage de témoigner à temps et à contretemps ! Amen !
 
 

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