Cette antienne fait de nouveau référence au prophète Isaïe. Elle revient aussi aux sources et fait référence au Messie comme celui qui va achever la création du Dieu Père qui créa Adam.
Paroles :
Ô Roi de l’univers, ô Désiré des nations/ pierre angulaire qui joint ensemble l’un et l’autre mur/ Viens Seigneur et sauve l’homme, celui-là même que tu as pétri du limon.

 

Cette antienne fait de nouveau référence au prophète Isaïe, qui annonce à Sion "Voici que je pose dans Sion une pierre à toute épreuve, une pierre angulaire, précieuse, établie pour servir de fondation".  

 

Pour cette antienne, nous changeons radicalement de cadre. Le grand effectif a disparu, nous n’avons plus qu’un seul chanteur, accompagné de deux flûtes. Le clavecin est utilisé dans un style qui ressemble à celui utilisé dans les salons. Même si nous avions eu un positif, nous aurions tout de même joué cette antienne sur le clavecin. En effet, elle réclame l’énergie et le sautant des cordes pincées du clavecin.

Vous pourrez noter les vocalises virtuoses du chanteur. Celles-ci sont commentées par de courtes interventions des deux flûtes. Puis à la fin, les deux flûtes se mêlent à la voix dans une grande et dernière vocalise sur "salvat" (sauve).
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Marc-Antoine Charpentier est un compositeur de l’époque de Louis XIV. Sa musique ne fut pas très connue du grand public à l’époque. En effet, tout comme tous les autres musiciens de son temps, il fut complètement éclipsé par l’unique et tout puissant intendant de la musique du roi : Lully. Mais depuis la fin de la Seconde guerre mondiale sa musique a fait l’objet d’une redécouverte sans précédent. Et de nos jours, de nombreux ensembles de musique ancienne jouent et enregistrent sa musique. Certains ensembles tirent même leur nom de certaines de ses œuvres. C’est le cas bien sûr de l’ensemble "Les Arts Florissants", dirigé par William Christie. Et bien plus modestement c’est le cas des "Fous Divertissants". Pour la petite anecdote, Les Fous Divertissants est une œuvre de Raymond Poisson et musique de Marc-Antoine Charpentier, et est la toute première comédie écrite pour la Comédie française ! 

Si la musique de Marc-Antoine Charpentier plaît autant à notre époque c’est peut-être à cause de cette facilité qu’a son auteur de nous toucher droit au cœur. Avec une grande économie de moyen, mais avec des harmonies formidables et une ingéniosité sans borne, Marc-Antoine Charpentier sait donner à un texte tout le souffle de vie qui l’anime. 

C’est le cas ici avec ce « Salut de la veille des O et les 7 O suivant le romain ». Par le terme "romain" Charpentier fait ici référence à la réforme du Concile de Trente qui eut pour effet d’abandonner une huitième « O », « O virgo virginum », qui se chantait en dernier. On peut donc ainsi trouver des versions de cette antienne à la Vierge chez des compositeurs antérieurs au concile de Trente (1563), comme par exemple le grand Josquin Desprez.
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Catherine Cessac, grande spécialiste de Marc-Antoine Charpentier, présente la forme de ces "antiennes O".
Chaque antienne est structurée de la même manière : d’abord l’invication ("O Sapientia", "O Adonaï", ...) que Charpentier traite en de longues notes suspensives créant comme par magie le climat d’attente propre à l’Avent. Les voix en imitation exposent la suite du texte ; puis, sur "Veni", appel véhément à la venue du Christ, le tempo s’anime ("gai") et passe du binaire au ternaire. Les dernières mesures retrouvent l’état de repos et la gravité du début.

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