Dès les premières notes, nous sommes transportes par l’émotion de ce nom le plus beau pour nommer le Messie "Emmanuel", celui qui sauve.
Paroles : Ô Emmanuel,
notre Législateur et notre Roi, espérance et salut des nations/ Viens nous sauver, Seigneur, notre Dieu.

 

Pour cette dernière antienne nous revenons à l’effectif originel : trois chanteurs hommes et une basse continue (le clavecin et la viole de gambe).

Le début de cette antienne est un exemple parfait de l’économie de moyens mise au service d’une puissante émotion.

Vous noterez la dernière note de l’antienne : c’est la même pour toutes les voix. Il n’y a pas d’harmonie, c’est un unisson absolu, qui souligne l’appel unanime de l’humanité vers le Sauveur. C’est la dernière note de ces huit antiennes. Les cœurs sont prêts pour recevoir le Messie à la nuit de Noël.
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Marc-Antoine Charpentier est un compositeur de l’époque de Louis XIV. Sa musique ne fut pas très connue du grand public à l’époque. En effet, tout comme tous les autres musiciens de son temps, il fut complètement éclipsé par l’unique et tout puissant intendant de la musique du roi : Lully. Mais depuis la fin de la Seconde guerre mondiale sa musique a fait l’objet d’une redécouverte sans précédent. Et de nos jours, de nombreux ensembles de musique ancienne jouent et enregistrent sa musique. Certains ensembles tirent même leur nom de certaines de ses œuvres. C’est le cas bien sûr de l’ensemble "Les Arts Florissants", dirigé par William Christie. Et bien plus modestement c’est le cas des "Fous Divertissants". Pour la petite anecdote, Les Fous Divertissants est une œuvre de Raymond Poisson et musique de Marc-Antoine Charpentier, et est la toute première comédie écrite pour la Comédie française ! 

Si la musique de Marc-Antoine Charpentier plaît autant à notre époque c’est peut-être à cause de cette facilité qu’a son auteur de nous toucher droit au cœur. Avec une grande économie de moyen, mais avec des harmonies formidables et une ingéniosité sans borne, Marc-Antoine Charpentier sait donner à un texte tout le souffle de vie qui l’anime. 

C’est le cas ici avec ce « Salut de la veille des O et les 7 O suivant le romain ». Par le terme "romain" Charpentier fait ici référence à la réforme du Concile de Trente qui eut pour effet d’abandonner une huitième « O », « O virgo virginum », qui se chantait en dernier. On peut donc ainsi trouver des versions de cette antienne à la Vierge chez des compositeurs antérieurs au concile de Trente (1563), comme par exemple le grand Josquin Desprez.
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Catherine Cessac, grande spécialiste de Marc-Antoine Charpentier, présente la forme de ces "antiennes O".
Chaque antienne est structurée de la même manière : d’abord l’invication ("O Sapientia", "O Adonaï", ...) que Charpentier traite en de longues notes suspensives créant comme par magie le climat d’attente propre à l’Avent. Les voix en imitation exposent la suite du texte ; puis, sur "Veni", appel véhément à la venue du Christ, le tempo s’anime ("gai") et passe du binaire au ternaire. Les dernières mesures retrouvent l’état de repos et la gravité du début.

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