Les fugueurs auraient-ils un saint patron ? Sans doute, si l'on se souvient de saint Gauthier fêté en ce jour. Sa vie fut en effet très mouvementée. Né vers 1030 dans la Somme, Gauthier se fait moine en l'abbaye bénédictine de Saint-Martin de Pontoise. Il se laisse élire comme Père Abbé de cette communauté. Très vite, il se sent indigne et incapable de remplir cette fonction. Alors il profite, dit-on, d'une nuit sans lune pour s'enfuir de Pontoise et se réfugier sous un faux nom dans l'abbaye de Cluny. C'était d'ailleurs facile d'y séjourner incognito, puisque ce monastère comptait alors quelque neuf cents moines. Or les moines de Pontoise regrettaient vivement le départ de leur Abbé très estimé. Partis à sa recherche, ils le découvrent dans sa cachette et le ramènent à son poste. Gauthier n'y reste que peu de temps et s'enfuit à nouveau pour s'établir, en ermite, sur un îlot de la Loire, en aval de la ville de Tours. Un pèlerin de passage devine son identité et avertit les moines de Pontoise qui s'empressent de récupérer leur supérieur rebelle. On le voit : si le moine Gauthier pratiquait la fugue, c'était par amour de la solitude et par humilité devant les tâches qu'il estimait au-dessus de ses forces. Il ne restait plus au Père Abbé malgré lui qu'à recourir au pape pour obtenir d'être libéré de sa charge. Grégoire VII, après avoir fait son enquête, ne se laissa pas convaincre, bien que Gauthier soit allé jusqu'à Rome plaider sa cause. Le Pape le renvoya parmi ses moines et Gautier terminera sa vie et son service dans la paix que donne l'obéissance, à Saint-Martin de Pontoise, le 9 avril 1099.
Son prénom, d'origine germanique, signifie "celui qui gouverne" (waldo) et "armée" (heri).