Moine originaire d'Écosse, Abel rejoint le monastère bénédictin de Lobbes, dans le Hainaut en Belgique. Il fait partie de ces moines qui deviennent évêques de façon imprévisible. On était au temps de Charles Martel, fameux par sa victoire en 732 sur l'invasion arabe. Le Maire du Palais était aussi un grand amateur des biens d'Église. Pour les accaparer, il nommait évêques des personnages acceptant de partager avec lui les revenus ecclésiastiques. Un certain Milon, qui avait reçu en "bénéfices" les deux évêchés de Reims et de Trêves, lui donnait toute satisfaction.

À Charles Martel, succède son fils, Pépin le Bref, qui fait appel à saint Boniface pour réformer les Églises. Milon le simoniaque (comme un certain Simon des Actes des apôtres, il a essayé d'acheter un pouvoir religieux) est écarté. Le moine Abel, tout ahuri, est désigné pour le remplacer. Milon est furieux et fait tellement souffrir son successeur que celui-ci, homme de concorde et de réconciliation, repart terminer sa vie en son monastère bénédictin. Abel entra dans la paix de Dieu le 5 août 755.

Le moine évêque Abel évoque par son sacrifice un autre Abel : celui du Livre de la Genèse dans la Bible. Second fils d'Adam et d'Ève, il est pasteur et offre au Seigneur ses plus beaux agneaux. Son frère Caïn est jaloux et s'érige en rival : il ira jusqu'à supprimer son frère parce que Dieu préfère ses offrandes. Abel est le premier Juste, comme le qualifie la tradition biblique, avant même Melchisédech ; ainsi le nomme le Christ, dont il est la première figure de "serviteur souffrant" (Matthieu 23, 35).
Abel est un nom d'origine assyrienne qui signifie "fils".