Tous les fans d’Astérix ici présents, ou devant leurs écrans, le savent bien : Il n’y a pas d’album qui ne se termine par un banquet ! La dernière phrase ou la dernière image d’un livre, c’est toujours un moment important. On y voit l’ultime message de l’histoire, soit une promesse peine d’espérance, ou inversement les présages d’un funeste déclin.
« je suis avec vous jusqu’à la fin des temps »

Ce sont à la fois les dernières paroles de Jésus et la dernière phrase de l’évangile de saint Matthieu. Donc c’est très important. Mais, dans cette dernière phrase, pour vous, quel est le mot le plus important ?
Bon, je vous partage le mien. Le mot le plus important, selon moi, est la préposition « avec ». Je suis avec vous.
Car il me semble  que ce petit « avec » est le résumé en 4 lettres de Jésus.
Déjà avant même sa naissance, – souvenez-vous -, l’évangéliste Matthieu, avait rappelé lors de la visite de l’ange à Joseph l’autre prénom de Jésus : Emmanuel, littéralement, Dieu avec nous.
Jésus, à scruter les évangiles, est bien celui qui fut avec, toute sa vie, pour nourrir, guérir, pardonner, relever, cheminer. Il fut avec et plutôt avec ceux qu’on laisse sur le bord du chemin ou qui ne répondent pas aux normes de la bienséance. Un avec qui du coup engendra des contre et lui valut des coups. Je vous laisse en faire la liste.
Il fut aussi avec pour nous offrir de renaître, même vieux. « Faut-il que je rentre une deuxième fois dans le sein de ma mère ? » lui demandait Nicodème. Non, – et Dieu merci pour vous les sœurs ! – cette nouvelle naissance, c’est d’en-haut, d’une vie animée par l’Esprit, lui dont l’Ecriture nous dit qu’il fait toutes choses nouvelles, esprit de liberté et de vérité, pour nous ouvrir à une vie plus aimante, à un amour plus vivant. Cette vie de l’Esprit est celle du royaume de son Père, ouverte par la résurrection et que nous nommons aussi la vie éternelle.

Car si Jésus est avec nous, c’est parce qu’il est tout aussi avec son père. C’est parce qu’il partage avec lui le même Esprit. Dieu, que nous confessons Père, Fils et Esprit, nous pouvons le contempler comme le Dieu qui est relation. Non pas un être seul, perdu au-dessus du ciel, non pas plus mû par des luttes internes, comme l’imaginait la mythologie grecque, mais un Dieu avec c’est-à-dire en communion, en échange et en réciprocité. Avec, c’est en quelque sorte la signature de la Trinité. Et ce qu’il est, il plait à Dieu de le transmettre, de le donner. Gravée en nous-mêmes, comme l’empreinte de Dieu, cette signature devient aussi la nôtre.

Et voici donc que nous pouvons nous comprendre nous mêmes, sous un nouveau jour. Il nous arrive parfois, souvent, – légitimement – de nous demander qui nous sommes vraiment, nous examinant sous toutes les coutures de la solitude de notre existence, à la recherche de notre identité perdue qui nous donnerait de nous comprendre seul, comme une solution en soi; À nous tous, laissons entendre cette bonne nouvelle explosive. Nous ne sommes vraiment que parce que nous sommes avec, mystérieusement unis les uns et les autres comme à Dieu, plus que nous le pensons. Nous sommes essentiellement des êtres de relation, appelés à communier, à échanger, à nous donner. Mais peut-être nous faut-il redécouvrir le lieu où nous recevons cet appel de la Vie, où se grave la signature de Dieu en nous ? Et si c’était notre âme ? Le mot peut paraître désuet et peut-être l’avons-nous négligée dans la spirale enivrante de nos occupations de gens pressés. Pourtant Clémentine qui a 9 ans et qui cherchait à instruire sa petite sœur lui a dit: « l’âme, ça ne se voit pas mais ça te fait faire les choses ». Voilà, l’essentiel est dit. Comprenons l’âme comme le lieu intime de notre naissance quotidienne, à nous-mêmes et aux autres. L’âme comme un jardin parfois en friche mais qui bien irrigué nous anime et nous met en mouvement et le corps et l’esprit, pour nous faire faire les choses, vers le bien et le bon. L’âme ne se voit pas mais elle laisse son empreinte dans les yeux et les mains de tous les amoureux et des parents, des humbles et des petits et de tous ceux et celles qui, comme vous mes sœurs, donnent leur vie. Tous ceux là perçoivent, aux heures heureuses ou sombres, en ce lieu de leur âme, quelques reflets de grand et de beau du mystère de la vie. Tout ceux là contemplent dans la banalité des jours ordinaires, la saveur de la vie divine, qui se glisse dans le fin murmure du silence et du recueillement, et dans les mots balbutiants de leur prière. Dans leurs actes de charité et leurs pardons échangés, se révèle cachée la présence de leur maître intérieur. Dans le partage de leur pain quotidien, c’est une action de grâce qui monte des lèvres du témoin que je suis : « Jesus, avec nous jusqu’à la fin des temps. »

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