« Voici l’Agneau de Dieu. » Nous sommes tellement habitués à cette appellation que nous n’y prêtons plus attention. Mais demandez aux personnes qui vous entourent ce qu’elle signifie, et vous verrez le résultat… En fait, en désignant Jésus de cette façon, Jean-Baptiste fait référence à l’offrande de la croix ! C’est un peu comme dans les enquêtes de l’inspecteur Columbo, où le dénouement est connu d’avance. Alors que nous sommes au début de l’évangile, nous est indiqué le sens de la mission du Christ, qui ne se dévoile pourtant qu’à la fin, dans sa mort et sa résurrection. « L’Agneau de Dieu », cela fait référence à l’agneau que le peuple hébreu immolait durant la fête de la Pâque, pour rappeler la sortie d’Egypte, la fin de l’esclavage. En le désignant comme l’Agneau de Dieu, Jean indique à ses disciples que Jésus est celui qui arrache l’humanité à la dureté de son existence, à la fragilité et à la mort ; celui qui dit aussi à tout être humain que sa vie est précieuse aux yeux de Dieu, qui l’aime intensément.

La rencontre avec le Christ change tout. Nous en avons le signe dans le changement de nom pour Simon. Changer de nom, c’est changer d’identité, changer de vie. « Tu es Simon (ce nom signifie : celui qui écoute), tu t’appelleras Képhas » (ce qui veut dire Pierre), lui dit Jésus. Simon devient le roc sur lequel les autres vont pouvoir s’appuyer. C’est lui qui mènera le groupe des apôtres, c’est lui qui demeure le point de repère pour toute l’Eglise, notamment à travers son successeur, le pape. Cette solidité du roc, Simon ne l’acquiert pas par ses propres moyens, parce qu’il aurait eu une bonne formation ou un tempérament à toute épreuve, il la reçoit. Au fil des siècles, nombreux sont ceux qui ont vu leur vie changée par la rencontre du Christ. Saint Antoine est de ceux-là. Un jour, il entend à l’église ce passage de l’Evangile : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et suis-moi. » Et c’est ainsi qu’il se retire dans le désert, pour vivre ce que l’on appellerait aujourd’hui une sobriété heureuse, confiant dans l’amour que Dieu porte.

Des relais pour cette rencontre

Que ce soit dans l’appel de Samuel, entendu en première lecture, ou celui de Simon-Pierre, nous constatons qu’il y a des relais : le prêtre Eli pour l’un, son frère André pour l’autre. Nous-mêmes avons bénéficié de relais tout au long de notre vie, pour nous aider à entendre l’appel du Christ et à le suivre : notre famille, dans la plupart des cas (nos parents, nos grands-parents), la communauté paroissiale, une personne de notre entourage dont le témoignage de vie nous a marqués, un livre spirituel qui nous a fait comprendre le désir de Dieu ou le message du Christ. La rencontre de celui-ci n’est pas nécessairement fulgurante, elle est parfois le fruit d’un long cheminement. Mère Teresa disait qu’elle reconnaissait le Christ sur le visage de tous ceux qu’elle soignait. Cela nous surprend peut-être. Un visage sympathique et souriant fait penser plus facilement à la beauté de Dieu que celui d’une personne abimée par la vie ou dépréciée par ses semblables, et pourtant…

Pourtant, « tout homme est une histoire sacrée, l’homme est à l’image de Dieu. » Ce cantique, déjà ancien, nous rappelle une vérité fondamentale, que nous oublions souvent. Dieu n’est donc pas à chercher dans les nuages, hors de ce monde, Il est là au milieu de nous, comme nous l’avons célébré à Noël. De plus, si nous bénéficions de relais pour le reconnaître, nous-mêmes sommes des relais pour les autres. Comment ? Par exemple dans le travail bien fait. La valeur d’un travail n’est pas uniquement l’illustration d’un savoir-faire. Elle donne sa dignité à celui qui l’a réalisé et montre le respect pour celui qui va en bénéficier. Saint Antoine effectuait son travail de vannier comme une prière, voyant en ce respect que je viens d’évoquer une marque d’amour, dans le Christ. Nous aussi, nous pouvons faire de notre travail une prière, parce qu’il devient lieu de rencontre – de l’autre et du Christ.

Oui, rencontrer le Christ change une vie, jusque dans les humbles gestes du quotidien, en lui donnant son sens. « La vie simple, aux travaux ennuyeux et faciles, est une œuvre de choix qui veut beaucoup d’amour » disait Paul Verlaine. Soyons les témoins de cette présence du Christ, de son Amour.

Amen.

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