Très chers frères et sœurs, que de tourments, que de souffrances, que d’incompréhension. Nous sommes profondément touchés. Le drame de la mort du père Jean-Baptiste il y a déjà 3 semaines dans la paroisse voisine de la vôtre, vous plonge, nous plonge dans un vrai désarroi. C’est une tragédie que traverse sa famille, ses amis, sa paroisse, son évêque, ses confrères prêtres et, en profonde communion notre diocèse de Rouen, notre église de France, nos communautés humaines.

Le mystère est grand et c’est une véritable tentation pour certains de rechercher des explications. Ou peut-être même de porter un jugement de valeur, un jugement moral. Un peu comme les contemporains de Jésus, dans l’évangile de ce jour, qui, devant la complexité d’une situation douloureuse, lui demandent « est-il permis ? » « Est-il permis… ? » ; Est-il permis à un prêtre de connaître une défaillance lourde ? Comment est-il possible qu’un homme si zélé et rayonnant mette fin à ses jours ? Est-il moral que l’opinion publique se saisisse de la réputation d’un homme ?
Frères et sœurs, chacune de nos existences est marquée par nos fragilités les plus secrètes, par le poids de notre passé, par la complexité de nos situations, par les contradictions de notre cœur. Jésus connaît cette vérité de nos êtres et l’insuffisance de chacun. Il y porte un regard juste, un regard vrai. Il est même le seul à pouvoir le porter. Mais ce n’est pas un regard qui condamne. Jésus lui-même devant ses interlocuteurs du jour refuse d’entrer dans leur logique de condamnation, de classification, de raccourci. Il préserve coûte que coûte le si grand respect dû à toute personne. Il dit des paroles pleines de douceur, qui rappellent à chacun la valeur de sa vie devant Dieu : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas… »

Cet enfant, c’est nous, c’est chacun de nous, si nous voulons bien accueillir le Royaume de Dieu comme des enfants. Avec Jésus, l’homme n’est pas le coupable d’un tribunal ; il est un enfant devant son Père.

Faibles, fragiles, honteux peut-être, nous découvrons avec la confiance de l’enfant que notre Père nous accompagne dans la fidélité, une fidélité bien plus grande que les ruptures de nos vies. Laissons le Christ poser son regard sur nous: son regard fait la vérité, apporte la lumière, suscite la confiance, envisage un avenir, ancre une espérance.

Nous fêtons aujourd’hui le 150ème anniversaire de la dédicace de votre église. C’est un signe visible de la fidélité de Dieu pour son peuple. Ce lieu est celui où la pâte humaine dans toute sa pesanteur vient se présenter devant Dieu. 150 ans et même plus de fidélité divine que ça dure. Combien de grâces ont été reçues dans ces murs, combien d’enfants ont été baptisés ici, combien de deuils ont été consolés, combien de pécheurs ont été pardonnés, combien de chrétiens se sont approchés de la table eucharistique. Dieu est fidèle à son Église et le restera jusqu’à la fin des temps. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, ensemble, nous sommes ensemble appelés à déposer simplement nos vies devant la grande bonté de Dieu.

Amen.

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