Au dire de certaines statistiques, nous, les français, nous ne sommes pas des optimistes ! Mais c’est vrai que parfois ça peut prendre des proportions considérables… il paraît, d’après un sondage Ipsos, que près d’un français sur 2 (47%) considère être en train de “passer à côté de sa vie” ! Autrement dit, nombreux sommes-nous à éprouver, ou à avoir éprouvé, une pénible impression d’échec. Chômage, licenciement, divorce, conflits familiaux… D’autres encore ont le sentiment de ne pas avoir fait le bon choix à l’adolescence, à la fin de leurs études ou dans la carrière professionnelle… ou encore sentiment de ne pas être à la hauteur, de ne pas être aussi efficace que ce que l’on attend de moi, d’être en deçà des attentes de son mari, de sa femme ou de la société !

Évidemment on voudrait bien que ça change, si c’était possible. Refaire notre vie ? Pas possible, Trop tard. Alors on cherche. Cette expérience de notre vie intérieure, certes douloureuse, d’autres l’ont vécue avant nous. Voulant vivre leur vie en plénitude, Ils ont tenté leur chance et sont venus chercher un homme dans le désert Dont on parle beaucoup dans la région. Cet homme avait l’air bien étrange mais il avait sans doute quelque chose à leur dire. C‘était Jean le Baptiste. Au début de ce temps de l’Avent nous nous retrouvons largement dans cette masse humaine en quête de plénitude cherchant Jean le Baptiste dans le désert.

Une phrase, “convertissez-vous” ! En ski, lorsque l’on veut éviter de se prendre un sapin, on fait ce qu’on appelle une conversion (du mot “convertere” = changer de direction), on change de direction, on se retourne pour aller dans une direction où ça glisse beaucoup plus vite, où l’on va faire l’expérience de la vraie vie. Dans la vie intérieure, c’est pareil ! Certaines directions nous mènent vers le sapin ou vers le ravin, et on a besoin d’une conversion pour choisir une nouvelle direction intérieure. Oui, mais quelle direction ? Le mot grec “métanoïa”, signifie précisément un retournement vers l’intérieur. Autrement dit, ce que je m’évertue à chercher à l’extérieur, c’est peut-être à l’intérieur que je vais le trouver. Les galeries marchandes de grandes surfaces sont très éloquentes ! Il suffit de s’y promener un samedi après-midi à 14h30 pour voir des caddies rempli d’une quasi infinité de choses (brosse à dent, Fruits et légumes, yaourt, rallonge électrique… Produit vaisselle, IPhone 11, TV TCL 4K Smart Android, bref La liste frôle l’infini !!). On cherche dans une infinité de choses, l’infini, dans un caddie bien plein, la plénitude ! Saint Jean-Baptiste nous appelle à réorienter notre désir vers l’intérieur, à ouvrir notre cœur à l’amour infini de Dieu.

Et voilà que Jean-Baptiste hausse le ton “Engeance de vipères”. Avec qui ? Les sadducéens et les pharisiens. Plus tard Jésus fera de même. Pourquoi ? Jésus sera très clair, ils sont satisfaits d’eux-mêmes. Ils s’évaluent et se jugent eux-mêmes. Ils sont dans une impasse. Impossible d’aller plus loin. Nous ne pouvons pas juger notre vie et estimer notre fécondité. En nous convertissant nous nous retournons vers Dieu que nous laissons désormais évaluer notre propre vie. En cela, nous nous décentrons de nous-mêmes. Seul Dieu regarde en vérité, avec bienveillance et miséricorde le fond de notre cœur et les fruits que nous portons. Autrement, en nous jugeant nous-mêmes, nous nous mettons à la place de Dieu !  Nous nous mettons une étiquette ! C’est cette étiquette “nous avons pour père Abraham” que dénonce Jean-Baptiste : “Des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants Abrahams”. Notre propre bilan, parfois faussement flatteur (les pharisiens) où parfois inquisiteur, n’intéresse pas Dieu. C’est un ”fruit digne de la conversion” qu’il attend de nous !

Ce “fruit digne de la conversion”, la vraie fécondité de ma vie peut parfois m’échapper. Un ami, sur son lit d’hôpital, en phase terminale d’un cancer, me fit une confidence une dizaine de jours avant sa mort. Oui, il n’était plus très efficace… oui, sa santé se trouvait dans un état de délabrement inégalé jusqu’alors…mais au fond de lui-même, il choisit de poser un acte d’amour en donnant sa vie pour les intentions qu’il me confia. Parmi elles, je figurais. Je crois qu’aujourd’hui je lui dois beaucoup de beaux fruits de ma propre vie. La tradition chrétienne a appelé cette attitude intérieure, l’offrande. Une vie offerte avec le Christ, quels que soient ses échecs et ses difficultés, pourra toujours porter du fruit, même s’il ne se verra pas toujours… c’est cela réussir sa vie ! Dans l’offrande, toute vie peut être réussie !

 

Références bibliques : Is 11, 1-10 ; Ps 71 ; Rm 14, 4-9

 

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