La porte du roi, Solennité du Christ, Roi de l’univers

Daniel 7, 13-14 – Psaume 23 – Apocalypse 1, 5-8 – Jean 19, 33b-37

Frères et sœurs,

Jésus est donc roi ! Mais, rassurons-nous, il ne s’agit pas d’un roi protocolaire ou républicain, Quelques versets plus loin, Jean nous le fait voir couronné d’épines et revêtu d’un manteau de pourpre. Ecce Homo ! « Voici l’homme ! » Pilate savait-il que cet homme est porteur de la vérité de l’homme ?

  • « Et qu’est-ce que la vérité ? », demanda Pilate. La vérité n’est pas réservée aux intellectuels ou aux savants, elle est tout simplement ce qui nous fait vivre, nous-mêmes et ceux que nous rencontrons. Elle est de l’ordre de l’amour. La royauté de Jésus n’est donc pas à la manière du monde qui trop souvent fait du pouvoir une oppression, mais à la manière de Dieu qui, par amour, s’efface pour nous offrir la liberté.

Au cœur du va-et-vient de Pilate entre Jésus et les chefs de son peuple, il y a cette scène de dérision : un roi couronné d’épines. Jésus semble vaincu, mais en fait, il est le véritable vainqueur. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », avait-il dit. Il a aimé de cet amour et inaugure un royaume d’un genre nouveau dont il est le roi-berger, le roi-serviteur, un roi bienveillant et compatissant.

Que mettre au frontispice de ce Royaume sinon le mot amour qui traverse la Bible et prend toute sa dimension sur la croix ? Un amour non de type commercial, du genre win-win, mais un amour prêt à donner sans immédiatement recevoir en retour. Il est le ressort de notre histoire humaine et son horizon. Ce Jésus humilié viendra sur les nuées, « tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé. »

  • Mais de quel monde Jésus est-il le roi ? D’un monde qui s’écroule ? L’évangile de dimanche dernier avait un ton apocalyptique. Rappelons-nous : « En ces jours-là, après une pareille détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées » (Mc 13, 24-25). Ne peut-on y voir une description de notre époque ébranlée où les crises multiples invitent à passer vers un autre monde, vers une autre société ? Jésus aussi pressentait la fin d’une époque pour son peuple. Et la destruction du temple 40 ans plus tard lui donnerait hélas raison.

Aujourd’hui, nous sentons bien que quelque chose ne peut plus durer, que quelque chose est occupé à s’effondrer. Un autre monde cherche à naître. On parle de transhumanisme, de posthumanisme, peu importe. Nous vivons une transition. Allons-nous reléguer Jésus dans les royaumes du passé ou acceptons-nous qu’il nous accompagne ?

Et qu’emporterons-nous dans ce monde ? Les valeurs qui font l’essentiel de l’évangile, de la Vérité dont Jésus est le témoin ? Ou bien nous laisserons-nous emporter par une logique mercantile et consommatrice, où la machine prend de plus en plus de place et nous transforme en ce quelle est : quelque chose d’efficace, mais incapable d’aimer gratuitement, de perdre son temps pour l’autre, d’accueillir la fragilité ?

 

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