On viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi. Cette image qu’emploie Jésus, nous la rencontrons quotidiennement ici, à Conques. Un groupe d’étudiants en histoire de l’art, venus de République Tchèque pour travailler sur l’art roman, une mère coréenne et sa fille, qui découvrent, émerveillées, la liturgie célébrée en ce lieu, une famille nombreuse qui débarque avec un âne, des jeunes migrants rescapés des camps de torture d’Égypte, de Libye et du Soudan qui passent à Conques une semaine de résilience avec une association, un clan de routiers scouts qui campe ici après une longue marche débutée au Puy-en-Velay. Je pourrais poursuivre, la liste est inépuisable.

Isaïe parle des rescapés parmi les nations, certains sont portés en litière. Tout ce peuple en marche n’est pas dans la meilleure des formes tant physique, que spirituelle, probablement. En écho, la lettre aux Hébreux prophétise, avec une image, tout à fait parlante là encore, sur le chemin de Compostelle : celui qui boite ne se fera pas d’entorse ; bien plus il sera guéri ! Telle est la force des sanctuaires : ils attirent aujourd’hui des foules nombreuses, d’horizons divers, géographique mais aussi existentiel. Ce sont des lieux de grâce, d’où l’on peut repartir fortifié, apaisé, guéri, pour continuer la route de la vie, rempli d’espérance pour orienter notre marche vers les sources qui désaltèrent vraiment. Des lieux où déposer aussi toutes les intentions qui habitent notre esprit, non seulement pour nos proches mais pour les souffrants de ce monde. Chaque soir, dans la prière communautaire des vêpres, nous faisons monter vers Dieu ces supplications déposées dans l’abbatiale par les pèlerins ou les visiteurs.

Oui, en ce lieu, Dieu est à l’œuvre. Il agit d’abord à travers la beauté. On ne se lasse jamais de prier dans cette église où nos regards, portés vers la hauteur des voûtes romanes, invitent le cœur à s’élever, lui aussi. La pureté des chapiteaux, l’éloquence du tympan, le charme des vieilles rues du village, tout pousse l’âme à s’ouvrir à la beauté. Nous avons besoin de retrouver aujourd’hui le temps d’apprécier ce qui est beau, tandis que nous sommes souvent entraînés dans un rythme de vie effréné qui ne sait plus prendre du temps gratuit pour contempler. Beauté du chemin, beauté du monde rural qui nous entoure ici, beauté de ce lieu plus que millénaire, qui nous dit que pour Dieu, toute chose est belle, que pour Dieu, tout être humain est beau et est aimé de Lui.

Dans ce sanctuaire, Dieu agit aussi par le témoignage d’une simple jeune fille, Foy, qui aima le Christ jusqu’au don de sa vie, en l’an 303. Sainte Foy, dont les très antiques reliques sont conservées et vénérées ici, est pleine d’actualité pour les pèlerins du 3e millénaire que nous sommes. La jeune sainte est particulièrement invoquée par les prisonniers, et les chaînes dont ils sont délivrés, depuis le Moyen-Âge, ornent les grilles qui ferment le sanctuaire. Elles sont représentées sur le tympan, sous les arcades près de sainte Foy en prière. Nous avons besoin de liberté et peut-être plusieurs d’entre nous souffrent de chaines matérielles, mais aussi intérieures : addictions, dominations de l’esprit du mal ou liens nuisibles de toute sorte. Ne passons pas à côté de Celui qui est venu pour nous rendre libre, le Christ. Jésus s’adresse dans l’Évangile aujourd’hui, à ceux qui, pensant pourtant bien le connaître, ignorent le salut qu’il est venu leur apporter. Avec vous, je prie tout particulièrement sainte Foy, la jeune martyre. Qu’elle intercède pour vous ce matin et fasse grandir en vous la foi. L’intercession des saints est puissante sur le cœur de Dieu. En cette eucharistie, Dieu veut faire de chacun une offrande apportée dans un vase pur sur l’autel du Seigneur, il veut nous donner l’espérance de parvenir un jour à la Jérusalem Céleste, au paradis de Dieu, pour prendre place au festin dans son Royaume ! Le Christ, représenté en majesté sur le tympan, nous ouvre les bras, que nous venions de l’orient ou de l’occident, du nord ou du midi. Il est le chemin, la vérité et la vie. Alors ne restons pas au bord de la route, le Christ veut nous libérer, mettons en lui toute notre foi. Amen !

Références bibliques : Is 66, 18-21 ; Ps 116 ; He 12, 5-7.11-13 ; Lc 13, 22-30

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