Souvenez-vous :

Samedi 16 février 2019. Quatre jeunes skieurs du club de Briançon-Serre-Chevalier se tuent dans une collision entre leur voiture et un camion : deux autres sont blessés.

Mercredi 20 février 2019. Un ouvrier de 45 ans est tué dans l’effondrement d’un tunnel entre St André-les-Alpes et Moriez.

Dimanche 10 mars 2019. Un Boeing 737 d’Ethiopian Airlines s’écrase peu après son décollage d’Addis Abeba. Les 157 personnes à bord ont péri.

 

Frères et sœurs, ce ne sont là que des flashs : nous pourrions tous en multiplier les exemples. Télévisions, journaux, radios et réseaux sociaux débordent de ces tristes faits d’actualité.

Mais parfois l’événement nous frôle de près. Les victimes ont un nom, un visage, elles font partie de nos relations familiales et amicales. Le fait divers devient alors une cruelle interpellation : pourquoi tout ce mal qui bouleverse nos existences ?

A l’époque de Jésus déjà, l’histoire des Galiléens massacrés par le procurateur Pilate et les 18 personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, avaient mis tout Jérusalem en émoi. A qui la faute ? Où sont les coupables ?

La foule espérait que Jésus allait donner une explication à ces malheurs. Personne ne se risque à l’interroger en direct : « Pourquoi ce mal ? Allez, dis-le-nous, n’étaient-ils pas pécheurs ? »

Frères et sœurs, sans doute reconnaissons-nous là notre propre manière d’analyser. Pour certains, c’est toujours la faute de l’autre :

–          Il a eu un accident de voiture ? Pas étonnant, il roulait comme un fou.

–          Une crise cardiaque l’a emporté ? Mais oui, il n’a jamais pris soin de sa santé.

D’autres convoquent Dieu lui-même à la barre des accusés :

–          S’il y avait un Dieu, une telle catastrophe ne se serait pas produite !

–          Ne me parlez pas de votre Dieu-Amour puisqu’il permet cela !

–          Qu’ai-je fais au Bon Dieu pour avoir mérité cela ?

 

Pourtant une évidence s’impose à nous, à la lecture des évangiles.

Avez-vous jamais vu Jésus envoyer une souffrance ou un malheur pour punir quelqu’un ? Il est là, il compatit, panse les plaies et guérit. Il est profondément solidaire de ceux qui sont éprouvés et il combat lucidement, avec eux, contre les forces du mal.

Dieu jamais ne fait du mal à l’homme. Si Dieu pouvait punir, il faudrait soupçonner chez lui un esprit de vengeance et de représailles, bien indigne de celui qui est la source de tout Amour et de toute bonté.

Et pourtant la réplique de Jésus dans l’évangile paraît cinglante. « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez vous aussi »

Dans le tragique de nos vies, qui nous renferme sur nous-mêmes, Jésus nous invite à opérer une mutation, à ne pas chercher les coupables. Il n’y a pas d’explication rationnelle au mal. Au cœur de nos souffrances, nos questions restent sans réponses. Pourquoi Seigneur viens-tu faucher le blé en herbe ? Pourquoi nos routes de résurrection empruntent-elles si souvent des chemins de croix ? Nous sommes conviés à croire à la Lumière, à la Vie, à nous ouvrir à l’espérance. L’espérance nous habite tous. Elle n’est pas le statu quo, encore moins un retour en arrière.  Face aux épreuves qui nous taraudent, elle trace une perspective, « elle est un emprunt fait au bonheur ». Elle n’est pas l’ignorance du mal, elle est conquête, elle est le désespoir surmonté.

 

Chers amis de l’« Association Chemin d’Espoir ». Quelle belle leçon d’espérance vous nous offrez. Au-delà de votre handicap et avec vos frères bien-portants, vous nous ouvrez un lumineux chemin du « vivre ensemble », malgré ou grâce à vos différences. C’est bien de la même pâte humaine que nous avons tous été pétris. Soyez remerciés pour cette harmonieuse osmose dont vous témoignez, pour ce filet d’espérance que vous faites couler dans nos veines et qui transfigure nos propres jours de découragement. Chacun de vos mots d’amour, chacun de vos gestes de tendresse est une victoire sur la souffrance et la mort. A travers votre solidarité, vous nous montrez que Dieu n’est pas derrière les événements qui nous meurtrissent et nous font souffrir, il est avec nous, dans notre souffrance pour nous libérer.

Sans doute vous souvenez-vous de l’histoire que raconte Elie Wiesel dans son livre : « La nuit »

Le soleil se couchait sur Auschwitz. Des prisonniers s’étant évadés, en guise de représailles, trois juifs furent pendus devant tous les détenus rassemblés. Parmi eux, un enfant : Pipel. Il était un peu le petit prince de ce camp d’extermination. Les deux adultes avaient succombé, mais lui, le petit, était trop léger. Agonisant plus d’une demi-heure, il resta à lutter entre la vie et la mort. Alors un homme demanda : « Où donc est Dieu ? » Une voix lui répondit dans un souffle : « Où il est ? Le voici, il est pendu ici, à cette potence. »

Frère, Sœur, Ami,

Il est fou ce Dieu qui vient mourir de notre mort, pour nous faire tous frères en humanité.

Vidéos liées

Recevez chaque
semaine vos newsletters :

Les différentes newsletters