« Accomplis toute chose dans l’humilité », écrit le sage Ben Sira (Si 3,17). Voilà une vertu qui n’est pas nécessairement valorisée dans notre société… Le soupçon naît facilement : l’humilité n’est-elle pas une vertu doloriste et désuète, et ne tourne-t-elle pas rapidement à l’humiliation ? Mais, somme toute, rien de nouveau sous le soleil : l’Evangile nous rappelle que, déjà du temps de Jésus, certains, bien conscients de leur importance, font tout pour obtenir une bonne place à table.

Je pense pourtant que la parole de Dieu nous offre ce matin un chemin épanouissant, et je le caractériserais avec trois beaux mots qui commencent par ces trois lettres H-U-M : humilité, humanité et humour. Trois mots qui nous proposent un beau chemin de vie, et une spiritualité simple et vraie.

Etymologiquement, l’humilité nous relie à l’humus : être humble, c’est être proche de la terre dont nous avons été façonnés. L’humilité, c’est se reconnaître comme venant de l’humus et comme créés par Dieu : à la création, Dieu a pris de la terre du sol pour façonner l’être humain. Le nom du premier homme le rappelle : Adam, c’est celui qui est tiré de l’adamah (« terre » en Hébreu, Gn 2,7). La Bible aime bien les jeux de mots ! Si on tentait de le rendre en français, on pourrait dire : l’humain est tiré de l’humus.

Et Dieu nous façonne comme le potier travaille l’argile, Dieu travaille notre humus, notre humanité, pour nous façonner à son image. C’est là que nous découvrons la vraie humilité, comme une invitation à reconnaître que, en nous, à travers nous, Dieu travaille le cœur de l’homme. Et Dieu le fait jour après jour, patiemment, avec son cœur de Dieu. C’est notamment la méditation de la Parole, de l’Ecriture, qui vient nous transformer à son image : « l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute », rappelle le Siracide (Si 3,29).

Car c’est jour après jour que s’épanouit notre humanité. Elle est l’image de Dieu à laquelle nous sommes créés, qui se traduit par la capacité à aimer, à pardonner, à entrer en relation avec notre prochain, à nous émerveiller… Tout ce qui se construit pas à pas. Le projet de Dieu est que grandisse en nous cette humanité. Et Dieu y travaille, avec amour et bienveillance.

La vraie humilité nous fait reconnaître notre humanité profonde, qui est l’image de Dieu en nous, et nous pousse à faire grandir l’humanité dans nos frères et sœurs. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », dit l’Ecriture (Lv 18,19 ; Mt 22,39) : c’est-à-dire tu découvriras et tu aimeras, en toi comme dans ton frère et ta sœur, cette belle image de Dieu qui fait notre humanité commune. Nous sommes appelés à devenir humains, et à faire grandir l’humanité de notre prochain.

Je pense enfin que l’humilité doit aussi s’accompagner de quelques graines d’humour. Le pape François lui-même a avoué faire sienne cette prière de saint Thomas More : « Seigneur, donne-moi le sens de l’humour ». Cet humour qui devait certainement habiter Jésus quand il observe, avec un petit sourire amusé, les notables qui se précipitent aux meilleures places à table… Après tout, c’est tellement humain ! Et nous avons tous besoin de reconnaissance, besoin d’être aimés, appréciés. L’humour n’exclut pas la bienveillance. Mais il nous invite à relativiser les choses, à discerner ce qui est important et ce qui est secondaire. L’humour est une école de lucidité. Il est souvent une grâce, qui nous fait nous estimer à notre juste mesure. Il est vraie humilité quand il nous invite à ne pas nous prendre trop au sérieux !

Humanité, humilité et humour : les 3 « hum- » forment un trio gagnant, qui nous invite à construire des relations simples et vraies. Alors, comme dans l’Evangile, nous convierons même les plus fragiles à la table de notre amitié, car nous découvrons que nous sommes riches de la même humanité, et appelés à grandir ensemble sur le chemin simple et vrai de la sainteté.

Amen.

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