“Avec toi nous irons au désert” avons-nous chanté au début de cette messe ! C’est tout le peuple de Dieu qui est entré dans le carême ! Nous avons rarement de l’enthousiasme, mais plutôt des appréhensions, des résistances, de la paresse, parfois du dégoût à entrer dans ce temps de pénitence ! Alors vivons-le en communion avec les catéchumènes, aujourd’hui appelés par leurs évêques au baptême: leur joie est pour nous stimulante !

Nous entrons donc dans un désert… Si nous en croyons les brochures des agences de voyages, le désert est une destination enviable: les dunes à perte de vue, l’aventure, le risque, le silence, la solitude, le désir d’évasion… Nous avons bien des raisons d’être séduits par le désert ! Notre carême peut aussi être vu comme une occasion rêvée de simplifier notre vie un peu comme en un bivouac: en simplifiant nos repas, nos achats, nos obligations sociales… Ré-apprendre la relation à Dieu et au prochain dans la prière, le silence, un agenda allégé, une retraite spirituelle comme il s’en déroule souvent ici.

Oui, le carême est une véritable opportunité! Saisissons-là ! Les textes de notre liturgie dominicale nous aident à comprendre dans quel sens prendre notre carême. Ils nous renvoient à nous-mêmes, nos tentations, nos péchés. Chers frères et sœurs, chers téléspectateurs avec qui nous prions aujourd’hui ; voilà une réalité difficile de nos vies, que nous avons du mal à accepter : la tentation ! Le début de notre évangile nous révèle un paradoxe : “Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable”.

Étonnant objectif de ces 40 jours du Christ au désert! Pourquoi l’Esprit Saint, l’Esprit d’amour du Père et du Fils, veut-il que Jésus soit tenté ? Avec la première lecture, nous entrions dans un jardin. Nous avons entendu, le récit de la chute d’Adam et Eve… Ce drame où le serpent menteur  introduit entre l’homme et Dieu une méfiance dont nous avons hérité. Ce récit met finalement en scène notre égoïsme, qui l’emporte trop souvent sur notre vocation primordiale à l’amour. Oui, nous cédons parfois à la fièvre des tentations, à l’image d’Eve, pourtant placée dans ce jardin aux arbres et aux fruits innombrables et savoureux. Elle priorise son désir personnel sur l’interdit de son créateur et Père !

Au désert, Jésus est donc poussé par l’Esprit à ces tentations susurrées du père du Mensonge : “Si tu es Fils de Dieu…” Bien sûr qu’il avait faim au bout de quarante jours de jeûne, et qu’il aurait bien aimé manger du pain ! Jésus est tenté ! En cela aussi il est proche de nous : il est bien un “Adam”, pétri de la terre! Mais il est “Nouvel Adam”, selon l’expression de Saint Paul: l’amour est prioritaire sur sa satisfaction personnelle ! De même que le Christ a vraiment pris la condition humaine en se faisant homme, il a en tout vécu comme un homme jusqu’à expérimenter la tentation. Et cela continue après le désert! Après la fulgurante profession de foi de Pierre, celui-ci va tenter son maître en voulant lui éviter la Croix : “Non, cela ne t’arrivera pas!” Jésus l’appellera ‘Satan’! Bien sûr que la perspective de la souffrance était une difficulté pour le nouvel Adam! Pierre, dans son désir de protection, s’était fait -malgré lui- le porte parole du tentateur en invitant le Christ à se détourner de son projet d’amour pour les hommes. Jésus sera aussi tenté au jardin des Oliviers, peu de temps avant sa passion, car personne ne veut souffrir, pas même le Fils de Dieu! Mais, l’amour devait passer par là, préféré à la vie pour soi !

La tentation fondamentale c’est bien d’éviter la croix ! Or cette croix est précisément l’arbre de Vie, dont le fruit nous donne la vie éternelle. Ce fruit nous est donné en cette eucharistie : communion, sacrement de l’amour, qui nous unit à Dieu et les uns aux autres. Ce fruit, nous rend à nous-mêmes plus humains, plus saints. C’est le fruit de cet arbre que nous sommes invités à préférer à tout autre fruit, spécialement, celui qui nous donnerait l’illusion d’être “comme des dieux”, gonflant notre fierté personnelle et par là, notre esclavage. Alors, frères et sœurs, vous chers amis téléspectateurs, ce temps de désert, est loin d’un simple dépouillement de nos vies parfois encombrées! Le Carême est bien plus que cela: il est fait pour nous unir au chemin de Croix du Christ, chemin d’amour contre la tentation du recroquevillement.

C’est l’unique chemin vers la Vie.

 

Références bibliques : Gn 2, 7-9 ; 1-7a ; Ps 50 ; Rm 5, 12-19 ; Mt 4, 1-11

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