Frères et sœurs, je vous invite à nous approcher, nous aussi, à la rencontre de ces dix lépreux, d’origines diverses, rassemblés par la maladie qu’ils portent dans leur chair, et qui nous rappellent s’il en était besoin que le mal et son cortège de souffrances frappe sans distinction de peuple, de nation. Exclus de la vie sociale, exclus de l’assemblée qui célèbre Dieu, les voici, ces rejetés du monde des vivants. La rencontre qu’ils vont vivre avec Jésus va pourtant changer leur vie. Lorsque nous avons tout essayé en vain pour sortir d’une situation intenable, qu’il ne nous reste plus rien et que l’impuissance pourrait nous contraint au désespoir, quand la situation devient sans issue, reste le cri, la clameur, l’ultime appel au secours, irréductible, qui sort du plus profond de nos entrailles. Voyant Jésus, ces lépreux crient vers lui en élevant la voix : « Jésus Maître, Aie pitié de nous ! »  Ils reconnaissent ainsi que seuls, ils n’ont aucun pouvoir d’échapper à leur triste sort, qu’ils ne sont pas tout-puissants et n’ont d’autre solution que d’appeler à l’aide. Jésus se laisse toucher par leur cri. Il ne leur demande pas leur appartenance religieuse, s’ils sont dignes des bienfaits de Dieu, ou s’ils y ont droit… Sa miséricorde est sans limite, sans frontière, sans réserve. Jésus ne pose aucune condition, ne rentre dans aucun marchandage. Il ne guérit pas les uns, les bons, en rejetant les autres, les mauvais. « Allez-vous montrer aux prêtres ! ». L’obéissance de nos 10 compagnons à la parole du Christ leur vaudra d’être purifiés en chemin de leur lèpre… L’histoire pourrait s’arrêter là, mais voici que survient un évènement étonnant : l’un des 10, un Samaritain, fait demi-tour après sa purification, pour rendre gloire à Dieu à haute voix et remercier Jésus en se prosternant à ses pieds. Et Jésus prend acte que cet étranger a été sauvé par sa foi. Faut-il comprendre qu’être purifié et être sauvé sont deux réalités différentes ? Les neuf autres ont obéi aux ordres de Jésus, mais ont-ils reconnu que la grâce qu’ils ont reçue de lui venait de Dieu ? Ont-ils perçu que par Jésus, c’est Dieu lui-même qui les avait guéris ? A l’inverse, dans l’évènement survenu dans son existence, le Samaritain a reconnu en Jésus la puissance de ce Dieu qui non seulement guérit, mais aussi sauve, c’est-à-dire rétablit dans son amitié celui qui s’en était détourné.

Le désir caché dans le cœur du Samaritain, était-il simplement d’être purifié d’une maladie, ou plus profondément encore, était-il de nouer ou de renouer avec Dieu une relation que son histoire personnelle, les évènements de sa vie ou encore sa propre faiblesse humaine avaient sérieusement malmenée ? Pouvoir retrouver Dieu, éprouver dans sa chair et son cœur sa miséricorde et la proclamer, reconnaître en Jésus Christ le Fils bien-aimé par qui le Père manifeste son amour, sa tendresse, sans exclure quiconque… Jésus, quant à lui, ne pouvait qu’être comblé de n’être pas simplement perçu comme un simple guérisseur, mais comme l’envoyé de son Père pour témoigner aux hommes de son amour… pour accueillir ce Samaritain qui glorifie Dieu et se prosterne à ses pieds en le remerciant, lui, Jésus Christ… et pouvoir  lui dire « Va, ta Foi t’a sauvé », comme il le dira à l’aveugle Bar Timée à Jéricho, comme il le dira à la femme atteinte d’un flux de sang. Ce salut, Jésus en exprimera le contour dans ces paroles qu’il prononce au soir de sa Passion et que nous révèle l’évangéliste St Jean : « Qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, mais en celui qui m’a envoyé, et qui me voit voit celui qui m’a envoyé. Moi lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres ». (Jn 12, 44). Et si c’était cela, être sauvé ?

Frères et sœurs, l’Évangile de ce jour nous invite ainsi à vivre, à la suite des 10 lépreux, cette rencontre avec le Christ et à nous demander : devant le constat de nos faiblesses, des lèpres qui enlaidissent nos cœurs, sommes-nous prêts à crier vers lui, conscients que nous avons besoin de lui pour nous libérer et nous rapprocher de lui ? Croyons-nous vraiment qu’il est l’envoyé du Père, capable de nous restaurer sans cesse dans son amour ou bien le considérons-nous simplement comme un faiseur de miracles que l’on invoque en cas de besoin ?

 

Références bibliques : 2R 5, 14-17 ; Ps 97 ; 2 Tm 2, 8-13 ; Lc 17, 11-19

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