« Pourquoi fallait-il que le Christ fût baptisé ? » Saint Augustin s’émerveille : « Puisqu’il était venu pour nous montrer le chemin de l’humilité et pour se faire lui-même le chemin de l’humilité, il fallait qu’il pousse en tout l’humilité jusqu’au bout. » (Homélies sur l’évangile de Jean V, 3)

Chers frères et sœurs, à la jonction du temps liturgique de la Nativité et du temps dit ordinaire, le baptême du Seigneur nous replonge dans la source vive du Christ. Il nous appelle à faire de l’ordinaire de nos vies le lieu de sa présence aimante pour le monde, « dans l’Esprit Saint et le feu ».

 

Alors que Jean s’efface devant le Messie à qui il conduit ceux qui le suivent, quelque chose d’imprévu se produit : le ciel s’ouvre, l’Esprit descend sur Jésus comme une colombe et une voix le désigne comme le Fils bien-aimé de sa joie.

Augustin contemple le mystère, source de notre foi : « Cette sainte et véritable Trinité, qui est pour nous un seul Dieu (…), se révèle de la façon la plus manifeste, le Père dans la voix, le Fils dans l’homme, l’Esprit dans la colombe. » (Ibid. VI, 5)

 

Puisque, comme dit Paul, « par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint, » l’irruption de Dieu dans notre existence en transcende les limites. Enfantés de nouveau en Jésus, l’amour du Père repose sur nous et nous attire en lui. L’Esprit nous consacre pour nous donner part à la mission du Christ. Ce sacerdoce baptismal fait de nous des instruments vivants du Christ prêtre, prophète et roi.

Comme annoncé par les prophètes, le Christ Jésus nous rassemble, nous porte sur son cœur, nous nourrit, nous conduit : c’est pour faire de nous ses membres, revêtant sa tunique de service et d’offrande. Y croyons-nous vraiment ? Il vit en nous et agit par nous : c’est son intercession qui soulève notre prière, sa parole qui traverse notre voix, son amour qui dans nos cœurs vient toucher le monde.

 

Mais attention ! dit Augustin : « Ce baptême, sans la charité, ne te sert de rien » (Ibid. VI, 14).  Alors que nous faut-il ? L’humilité de la colombe et le feu de la charité.

La simplicité d’un cœur droit, sans duplicité ni calcul, pour « renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde et vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété ».

Et dans cette humilité la ferveur de l’amour par lequel le Christ embrase nos cœurs pour « faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien ».

 

Ne le voyons-nous pas ? Notre monde désenchanté a besoin du Christ et le Christ nous y envoie. Mais notre mission de médiateurs de sa miséricorde n’est féconde qu’à la double mesure de l’humilité et de l’ardeur.

 

Le Seigneur Jésus se présente à nous dans la simplicité radicale du feu de son amour. Par notre consentement à l’alliance du baptême, il nous incorpore à l’Église, son Épouse. Dans quel but ? En elle, il nous donne de faire de notre vie une offrande féconde. Dans l’ardeur non pas de dominer le monde, mais d’y réveiller la soif de Dieu qui nous a faits pour lui. Dans l’humilité de se reconnaître non des héros, mais de pauvres et joyeux sauvés qui se laissent libérer et enfanter à la cité de Dieu, où nous attend l’harmonie de son éternelle beauté.

 

Frères et sœurs, celui qui nous fait vivre est plus important que ce que nous croyons pouvoir faire. Aussi, je vous y invite avec ces paroles de notre Père saint Augustin :

« Que le Seigneur vous donne d’observer tout cela avec amour, comme des êtres épris de la beauté spirituelle, répandant par leur vie la bonne odeur du Christ, non comme des esclaves sous la loi, mais comme des êtres rendus libres par la grâce. » (Règle des serviteurs de Dieu, VIII)

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