Chers amis venus des différentes communautés chrétiennes d’Arnouville et vous fidèles téléspectateurs des émissions Orthodoxie, Chrétiens Orientaux, Présence Protestante et du Jour du Seigneur. Notre prière de ce jour s’inscrit dans le cadre du dialogue œcuménique. Le dialogue œcuménique, je le vois un double signe pour nos communautés chrétiennes : un signe de témoignage et un signe de guérison.

 

Le dialogue œcuménique est un signe de témoignage. Il témoigne des relations fraternelles entre nos communautés au-delà de leur diversité : diversité culturelle et confessionnelle ; diversité de nos traditions religieuses et de nos façons de rendre compte de notre foi.

 

Toutes ces diversités deviennent un témoignage, dans la mesure où elles nous permettent de réaliser l’unité du Corps du Christ, l’Église. Cette unité est la marque des disciples du Christ, notre signe identitaire. « Que tous soient un…, afin que le monde croie que tu m’as envoyé », nous dit Jésus dans l’évangile de Jean.

L’unité que nous voulons affirmer et réaliser c’est aussi celle de notre condition humaine. Le fil rouge qui conduit notre célébration est ce passage de la lettre aux Hébreux : « étrangers et voyageurs sur cette terre ».

Cette parole décrit notre condition commune, la condition des enfants de Dieu. Cette parole nous invite à une prise de conscience et à une attitude.

Prise de conscience que nous sommes tous pèlerins en ce monde. Nous cheminons dans la foi, cette foi qui nous unit aujourd’hui au-delà de nos différences confessionnelles, ethniques et d’opinion.

Cette parole (« étrangers et voyageurs sur cette terre ») nous invite aussi à avoir une attitude : elle nous invite à poser un regard et peut-être un geste fraternel en direction de ceux qui sont dans la situation d’étranger.

 

La Parole de Dieu que nous venons d’entendre met en évidence l’importance de la foi. C’est bien la commune mesure entre l’extrait de la lettre aux Hébreux et la parabole des dix vierges. Comme tous les croyants, ces jeunes filles sont en chemin. Elles sont porteuses d’une espérance, espérance de rencontrer l’époux.

« Il y avait parmi elles cinq qui étaient insensées et cinq qui étaient sages. »

« Les cinq insensées, en prenant leurs lampes, ne prirent pas d’huile avec elles. »

« Les cinq sages prirent de l’huile dans des vases avec leurs lampes. »

C’est la provision d’huile qui fait la différence entre ces deux groupes de vierges.

Les vierges sages ont cette provision : les vierges insensées ne l’ont pas.

Mais que signifie cette huile en vérité ? Quelque chose de grand, disait saint Augustin ; et ce quelque chose de grand, c’est la charité, la charité.

Oui, la charité est la touche chrétienne de nos actions, elle apporte un surplus qualitatif à ce que nous faisons. La charité se traduit par tous nos actes de générosité, accomplis par amour du prochain et pour le Christ. Avec la charité, nous pouvons bien parler d’une « christian touch ».

En effet, dans de nombreux secteurs d’activité, on parle aujourd’hui ici en France de la « french touch » pour traduire la qualité, l’excellence, l’originalité du talent français. La charité représente cela pour les chrétiens. C’est elle qui donne sens à toutes nos actions.

Rappelons-nous ce que Saint-Paul écrivait à propos de la charité dans sa première lettre aux Corinthiens : « j’aurais beau parler toutes les langues, des hommes, des anges…, j’aurais beau être prophète, avoir la science des mystères et toute la connaissance de Dieu…, j’aurais beau avoir la foi, la foi jusqu’à transporter les montagnes…, j’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, tout cela ne sert à rien ».

C’est elle, la charité qui a manqué aux cinq vierges insensées. C’est elle la « christian touch », c’est elle la marque chrétienne de nos actions, c’est elle qui donne un sens chrétien à tout ce que nous faisons, y compris à notre célébration de ce jour.

Frères et sœurs, si nos façons d’exprimer notre foi commune diffèrent, si nos manières de prier divergent, il y a un lieu où nous nous retrouvons inévitablement c’est la mise en pratique de notre foi, c’est-à-dire la charité. La charité n’a pas de confession. Il n’y a pas une charité qui est catholique, une autre qui est protestante, une qui serait orthodoxe, ni une qui serait apostolique, chaldéenne, arménienne ou autre : la charité est le mode de vie des disciples du Christ que nous sommes tous. De cette manière, la charité nous met sur la voie du vivre ensemble, et même du bien vivre ensemble.

Cette charité, sceau des élus, gage de la vie éternelle, les vierges sages l’ont, les vierges insensées ne l’ont pas. Extérieurement toutes ces vierges se présentent de  la même manière ; c’est à l’intérieur du cœur, dans le fond de la conscience, que se trouve la différence entre les dix vierges. Car les vases dans lesquels notre huile est renfermée, c’est notre cœur, c’est notre conscience.

Remarquons-le, toutes leurs lampes brillent ; mais les sages ont avec elles de quoi entretenir cette lumière, les insensées n’ont pas de quoi l’entretenir.

La charité est donc ce qui fait briller notre foi, ce qui la rend visible. En offrant de l’hospitalité à ceux qui viennent vers nous ; en manifestant  de l’affection et de la générosité aux plus petits et aux personnes âgées ; en offrant de notre temps et en nous rendant proches de ceux qui sont seuls, nous exprimons notre foi.

 

Le dialogue œcuménique, disais-je est aussi signe de guérison.

Il nous guérit de l’indifférence, de l’enfermement sur nous-mêmes ; il nous conduit à comprendre que tout égoïsme est contraire à l’Évangile du Christ et nous sommes invités à reconnaître le Christ les uns sur les visages des autres.

Le passage de l’évangile de Matthieu qui va nous guider tout à l’heure lors la prière d’intercession nous rappelle que Jésus s’identifie au tout petit, au prisonnier comme à l’étranger,  au malade et à l’affamé, au plus fragile.

Frères et sœurs, le dialogue œcuménique, par notre assemblée de ce jour est signe de guérison de nos blessures du passé ; blessures causées par nos divisions, par nos barrières de haine et d’indifférence. Notre assemblée témoigne que l’amour est plus fort que la haine.

En nous retrouvant aujourd’hui pour célébrer et pour prier ensemble, nous manifestons que nous sommes tous membres d’une même famille, l’Église du Christ.

Prions donc les uns pour les autres, les uns avec les autres, afin que grandissent en nous l’amour. Amen.

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